EN MAI 2011, moins de deux mois après avoir été opéré d’une tumeur au foie, Éric Abidal retrouvait les pelouses des stades de foot. Le FC Barcelone, club dans lequel le sportif évolue au poste d’arrière latéral gauche, a annoncé qu’il était aujourd’hui en attente d’une greffe de foie. Selon les services médicaux de Barcelone, l’intervention devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. « C’était une option envisagée il y a un an. Il est prêt à se battre. Il rejouera au football, c’est son projet », raconte le Pr Jean-Daniel Chiche, président de la fondation Life-priority Fund, dont le footballeur est l’un des ambassadeurs. La fondation, créée cette année à l’initiative de l’ESICM – European Society of Intensive Care Medicine, a pour but de récolter des fonds pour financer la recherche et permettre de mieux comprendre, mieux soigner et mieux accompagner les malades en réanimation. Éric Abidal s’investit pleinement dans cette organisation, notamment pour sensibiliser le grand public à la nécessité d’apprendre les gestes qui sauvent.
Opéré le 17 mars 2011, le défenseur français de 32 ans était revenu à son meilleur niveau dans un temps record. Il avait même pu disputer la finale de la Ligue des champions, remportée en mai par le Barça, 3 à 1 face à Manchester United. « Avoir un but aide tout le monde, pas seulement les sportifs de haut niveau. Ce sont des choses que l’on voit dans les salles de réanimation de façon quotidienne. Avoir une charge familiale ou des enfants, cela aide probablement les patients à se battre », poursuit le Pr Chiche, qui exerce en Réanimation Médicale à l’hôpital Cochin à Paris. Il précise cependant que la condition physique du footballeur international est un atout pour guérir. « On supporte mieux et on récupère mieux de n’importe quelle intervention lorsque l’on est physiologiquement dans un état le plus satisfaisant possible », souligne le praticien. « Un sportif de haut niveau est dans une condition physique exceptionnelle, une condition bien au-delà du patient moyen. »
Un retour possible ?
« Tous ceux qui font de la compétition sont entraînés aux challenges », ajoute un chirurgien digestif et hépato-biliaire. « Les personnes qui ont un gros mental vont plus loin, plus haut et plus longtemps. » Le médecin explique que pour les patients atteints de pathologies lourdes, le sport est une aide, pas simplement pour se maintenir en forme, mais parce que cela implique une démarche volontaire. « Je demande à certains de mes patients une préparation physique, comme une marche rapide de 30 minutes par jour. Même s’il est important d’être en bonne forme, je leur demande pour la démarche personnelle que cela implique », poursuit-il.
« Si on pose la question de sa participation à l’Euro 2012, c’est peu vraisemblable », précise le Pr Jean-Daniel Chiche. Il insiste toutefois, « aujourd’hui, le plus important c’est la santé d’Éric. » Selon le Pr Rafael Matesanz, président de l’organisation espagnole des transplantations, le retour du joueur au football de haut niveau semble difficile. « Cela me paraît très compliqué. Il est certain que tout va bien se passer et qu’il pourra faire du sport de haut niveau, mais le football est un sport de contact et l’une des choses qu’il faut éviter après une greffe ce sont des coups dans la zone, des impacts traumatiques », explique le praticien. Il ajoute que « c’est une personne forte, un sportif d’élite et il pourra avoir une vie normale. Et il est clair qu’il pourra refaire du sport. »
La transplantation hépatique est la plus fréquente après celle du rein, et environ 1 000 sont réalisées en France chaque année. Après l’opération, un traitement immunosuppresseur doit être pris à vie, il permet de moduler les défenses immunitaires et d’éviter le rejet du greffon après la transplantation.
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