DE NOTRE CORRESPONDANTE
« LE MUCUS tapissant tous les points d’entrée dans l’organisme sert de première ligne de défense contre les micro-organismes et les particules étrangères. Mais à cause de cette fonction protectrice du mucus, il est très difficile de délivrer efficacement les médicaments aux surfaces muqueuses. Les médicaments dans leurs formes traditionnelles ne pénètrent pas les barrières muqueuses ou, s’ils y parviennent, sont rapidement absorbés dans l’organisme et ne restent pas sur les surfaces muqueuses qui doivent être traitées. Les méthodes de délivrance par nanotechnologie conventionnelle ne sont pas conçues pour pénétrer le mucus. Nous avons donc développé des " nanoparticules pénétrant le mucus " (NPM) afin de procurer une distribution médicamenteuse plus uniforme et des concentrations médicamenteuses prolongées aux surfaces muqueuses, comme le vagin », explique au « Quotidien » le Dr Laura Ensign, du Centre de nanomédecine des Institutions Johns Hopkins à Baltimore.
En prenant modèle sur les virus qui ont évolué pour pénétrer le mucus, Ensign et coll. ont enrobé des nanoparticules conventionnelles avec des composés polyéthylène glycol (ou PEG) de poids moléculaire extrêmement bas.
Ils montrent les excellentes distribution, rétention et innocuité vaginales de ces NPM. En effet, tandis que les nanoparticules conventionnelles s’agrègent et sont piégées dans la couche superficielle du mucus vaginal de la souris et ne pénètrent pas dans les replis de l’épithélium vaginal, les NPM se distribuent uniformément sur l’épithélium, sont rapidement transportés à travers le mucus et atteignent la profondeur des replis vaginaux en quelques minutes ; là, leur rétention est nettement supérieure aux nanoparticules conventionnelles.
Les chercheurs montrent l’absence de toxicité des NPM dans le vagin des souris lorsqu’ils sont administrés quotidiennement pendant une semaine.
Virus herpès de type 2.
Ils ont ensuite cherché à savoir si ces NPM pourraient améliorer la protection contre l’infection à HSV-2 (virus herpétique type 2).
À cette fin, ils ont développé des NPM composés d’aciclovir monophosphate (NPM-ACVp). Lorsqu’ils sont administrés avant l’inoculation vaginale de HSV-2, les NPM-ACVp protègent 53 % des souris, comparé a seulement 16 % des souris protégées par aciclovir soluble.
« Pour la délivrance vaginale, nos résultats justifient la poursuite du développement des NPMs en tant que traitement en prise unique quotidienne pour la prévention et le traitement des maladies sexuellement transmissibles (MSTs), pour la contraception et le traitement des autres troubles cervicovaginaux », estime le Dr Ensign.
Rectum, poumon..
« Plus généralement, cela apporte la preuve in vivo en faveur de la technologie NPM, qui pourrait être utilisée pour traiter et prévenir une vaste gamme de maladies muqueuses. Notre prochain objectif sera de montrer que ces NPM sont sûrs et bien tolérés après administration vaginale chez les femmes. Notre formulation NPM est composée d’ingrédients qui sont tous considérés comme sûrs, ce qui pourrait accélérer l’avancement vers les études cliniques. Par ailleurs, nous travaillons sur une formulation NPM d’un médicament qui protège contre l’infection par le VIH et que nous espérons évaluer chez l’homme dans le futur. Nous appliquons également nos résultats au développement de microbicides rectaux pour prévenir les infections transmises sexuellement. Nous développons aussi notre technologie NPM pour le traitement des maladies pulmonaires comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), le cancer du poumon et la mucoviscidose. »
Ensign et coll., Science Translational Medicine 13 juin 2012.
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