Les arrêtés inscrivant l'association d'Elbasvir et de Grazoprévir (Zepatier, MSD) sur la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics ont été publiés au « Journal officiel » du 4 janvier. Les associations saluent l'avancée mais dénonce le double régime qui existe désormais parmi les nouveaux traitements oraux d'action directe contre l'hépatite C.
Zepatier est en effet le premier traitement à ne pas être réservé aux patients infectés par le virus de l'hépatite C ayant un stade de fibrose 2 ou supérieur. Il devient en outre le seul médicament de sa catégorie à ne pas nécessiter systématiquement l'avis d'une réunion de concertation pluridisciplinaire pour être prescrit.
Les RCP ne sont en effet requises que chez les patients en échec d'un premier antiviral d'action directe, chez les insuffisants rénaux, chez les patients ayant une cirrhose grave ou en pré- ou post-transplantation hépatique ou ayant un carcinome hépatocellulaire. Les patients co-infectés par le VIH et le VHB ou un autre virus à tropisme hépatique font également partie du public concerné par les RCP.
Toutefois « le Zepatier n'est indiqué que dans les génotypes 1 et 4, ce qui exclut un quart des patients », explique au « Quotidien » le président de SOS Hépatite, Yann Mazens. Avec Médecins du Monde et le Comité pour la santé des exilés (COMEDE), SOS Hépatites dénonce une nouvelle fois les difficultés d'accès et le prix des traitements dans un communiqué commun.
Zepatier est l'antiviral à action direct le moins cher sur le marché, mais les associations pointent toujours des prix trop élevés. De nouvelles négociations au sein du comité économique des produits de santé (CEPS) sont prévues dès le mois de janvier pour revoir à la baisse le prix des traitements de Gilead (Harvoni et Sovaldi) et d'AbbVie (Viekirax et Exviera).
À l'aube d'une renégociation des prix
« Nous avons maintenant un recul de deux ans, de nouveaux acteurs sont apparus, la concurrence a commencé à jouer, et des prix plus bas ont été obtenus dans des pays voisins, explique le CEPS au « Quotidien ». De plus, la HAS a publié une réévaluation des nouveaux traitements oraux. Tous ces éléments entrent en ligne de compte dans les objectifs de prix que le comité va proposer. »
Des arrêtés sont attendus pour ouvrir les traitements de Gilead et d'AbbVie à l'ensemble des patients, comme pour Zepatier. Selon Yann Mazens, leur publication serait ralentie par la mauvaise volonté des certains industriels face aux renégociations voulues par le CEPS. Le gouvernement retarderait la publication afin de faire pression sur l'évolution des discussions.
Le CEPS, ne fait pas état de réticences, mais confirme cependant que la frontière entre les renégociations et la publication des arrêtés n'est « pas étanche », et ajoute que « l'élargissement prochain de la base de patient est un des éléments qui poussent à renégocier les prix à la baisse, nous précise-t-on, et même si le comité n'a pas de prise directe sur la publication des arrêtés, c'est en revanche le cas des administrations qui y siègent, à savoir la DGS et l'Assurance-maladie ».
Les associations demandent plus de fermeté
Les associations estiment que le temps mis pour atteindre un prix jugé acceptable prouve les limites des stratégies mises en place par le gouvernement. Ils demandent des mesures plus radicales : la mise en place d'une licence d'office, l'importation de génériques ou la fixation unilatérale du prix par le gouvernement. « L'article 52 de la dernière loi de financement de la Sécurité sociale apporte un cadre juridique pour fixer un prix de façon unilatérale, sans se faire censurer par le Conseil d'État, précise Yann Mazens. Il faut maintenant s'en servir ! »
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