De clostridium à E. coli

La répartition par type de diarrhées dans le monde

Publié le 29/03/2012
Article réservé aux abonnés

EN CE QUI concerne les États-Unis, Aron Salle (CDC) a rapporté l’augmentation importante du nombre de décès par gastro-entérite. Dans plus de 70 % des cas, les décès étaient dus à Clostridium difficile. Le norovirus ne représente qu’environ 7 % des décès, mais il s’agit de la deuxième cause de décès par gastro-entérite. Karen Levy, de l’université Emory d’Atlanta, a confirmé la saisonnalité des épidémies dues à ce virus, essentiellement en décembre et janvier.

Dans 7 pays d’Europe (Allemagne, Danemark, Italie, Pays-Bas, Pologne, Suède et Royaume-Uni) selon Arie Havelaar (Université d’Utrecht) la première cause de gastroentérite est le Campylobacter, suivi des salmonelles, tandis que les taux d’incidence de Yersinia, Shigella et d’Escherichia coli O157 produisant la toxine Shiga (STEC) sont plus faibles et de même ampleur.

En ce qui concerne les hospitalisations pour gastroentérite au Japon, selon Hajime Toyofu-ku, de l’institut national de santé publique, les données sont proches de celle de l’Europe. La cause principale est les salmonelles suivies des Campylobacter, des norovirus et des STEC O157.

E. coli O104:H4.

Udo Buchholz (Robert Koch Institute de Berlin) est revenu sur l’épidémie de toxi-infections alimentaires à Escherichia coli O104:H4 producteur de toxine Shiga qui a atteint l’Allemagne et la France en 2011.

En Allemagne, 3 816 cas dont 54 décès (1,4 %) ont été identifiés ; 845 (22 %) s’accompagnaient d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU). Parmi les patients atteints de SHU, 88 % étaient des adultes et les femmes étaient surreprésentées (68 %).

Il a fallu attendre la septième enquête épidémiologique pour que (après les soupçons sur le concombre, la tomate et autres légumes) les graines germées soient reconnues comme responsable de l’épidémie. C’est en faisant une enquête par ingrédient auprès des cuisiniers et non pas par plat auprès de consommateurs qu’il a été possible d’aboutir. Pour la suite, les enquêteurs ont été plus chanceux puisqu’une recherche de toxine Shiga positive, (recherche qui s’est ultérieurement avérée être faussement positive) les a orientés vers une compagnie commercialisant des graines germées, compagnie qui était réellement la source de l’épidémie. Cependant, la survenue de cas chez des personnes ayant consommé des graines dont elles avaient assuré la germination elles-mêmes a conduit vers la source ultime : le producteur de graines en Égypte. De plus, plusieurs graines pouvaient être incriminées et c’est en recoupant leurs données avec celles de l’épidémie française que les épidémiologistes ont pu identifier la seule graine commune aux deux épidémies, le fenugrec (Trigonella foenum-graecum ; rappelons que la plante était fourragère dans l’antiquité et qu’il s’agissait donc du foin grec).

Cette épidémie a diffusé aux États-Unis, où six cas confirmés ont été identifiés ainsi que l’a rapporté Adamma Mba-Jonas du CDC. Cinq avaient été en Allemagne et un avait eu un contact étroit avec un patient qui avait été en Allemagne. Aucun patient ne s’est souvenu avoir consommé des germes et le mode de transmission le plus probable était de personne à personne. Tous les patients avaient une diarrhée sanglante, quatre ont été atteints de SHU et un patient est décédé.

Malveillance.

S. Johnson (CDC) a analysé 13 405 épidémies de toxi-infections alimentaires et en a identifié 8 dues à la malveillance, à l’origine de 252 cas dont 1 décès. Les agents utilisés étaient l’arsenic, la nicotine et un insecticide, le méthomyl. Ont également été suspectés l’eau de Javel, et le tétrahydrocannabinol. Quatre de ces épisodes ont eu lieu dans des écoles.

 Pr MICHEL ROSENHEIM

Source : Le Quotidien du Médecin: 9107