LE COURRIER DES LECTEURS

Les coliques du nourrisson, prémices de la migraine

Publié le 07/01/2013
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Nancy (54)

Dr Jean-Louis Garcia

Des neurologues californiens semblent découvrir une relation entre les coliques du nourrisson et un terrain migraineux pouvant s’extérioriser comme tel, plus tard dans la vie.

En 1977, nous avions présenté une thèse sur les céphalées d’origine cervicale, après deux ans de travaux cliniques pendant lesquels nous avions étudié beaucoup de documents concernant la migraine. Parmi eux, un texte de R. Mitchell (Migraine in childhood Develop. med. child. neurol., 1967, 9, 641-643), une mention dans un ouvrage des éditions Sandoz (Dictionnaire de la migraine, 1969) et un autre texte, de P. Royer et P. Czernicokw (Migraine et Puberté. In : migraines et céphalées, colloque de Vichy 1975, 1 vol, Sandoz Ed., Paris, 1975, 57-58). Comme ce n’était pas le fond de notre sujet, beaucoup d’autres ont sans doute échappé à nos recherches.

Depuis, nous pensions que cette notion était un fait acquis… Cela a toujours fait partie de notre interrogatoire, pour ceux de nos patients pouvant faire appel aux souvenirs de leurs parents.

L’Ordre des Médecins, institution coûteuse, néfaste et vaine

Paris (75)

Dr Gilles Seban

Comme chacun sait ou n’est pas sensé l’ignorer, l’Ordre des Médecins est une institution qui a été fondée pendant la seconde guerre mondiale sous le régime de Vichy. Il régit les principes qui sont inscrits dans le Code de déontologie médicale. Du reste, ce Code, pétri de bon sens mais aussi de lieux communs et poussiéreux de ridicule, n’a ni le poids ni la pertinence et encore moins la légitimité du Code civil napoléonien de 1810. Il ne fait que reprendre des règles évidentes applicables à une profession digne, respectable et qui était autrefois respectée.

Le médecin a aujourd’hui besoin d’un Code pour demeurer le notable de fait qu’il était jadis. L’Ordre des Médecins, je l’affirme en médecin responsable, est à ce jour une institution coûteuse, néfaste et vaine.

Il est coûteux parce qu’il n’existe matériellement qu’à la solde des cotisations de ses administrés, le corps médical. Il est néfaste parce qu’il n’a aucune indépendance de fonctionnement, obéissant aux lois stupides du système étatique de santé soumis de plus en plus et inexorablement aux lois du marché kafkaïen et cupide. Il est vain parce que, sous couvert de défendre le droit des médecins et la fonction et le respect du corps médical, il n’est qu’une institution hypocrite au service du plaignant qui a le plus souvent, voire toujours, raison.

À l’inverse, l’Ordre se donne mission de mettre de l’ordre dans l’organisation du système de soins. Il fait des projets pour s’impliquer de plus en plus dans l’appareil de santé d’état. Or il ferait mieux de se remettre en question et de s’occuper davantage certes des devoirs mais aussi et surtout des droits des médecins.

À bon entendeur…

Madame Touraine, ouvrez à tous un secteur II encadré !

Dr Gilles Voydeville*

Les récents événements du monde de la santé nous ont montré que quelque chose ne tourne plus rond dans notre système de santé.

Des déserts apparaissent sans que les mesures jusque-là proposées les peuplent, des systèmes mutualistes parallèles à la Sécu naissent et suppriment le libre choix du patient, des tarifs parfois élevés rendent l’accès aux soins difficile et au final, les médecins français sont parmi les plus mal payés du monde (13e rang sur 14 dans l’enquête de l’OCDE).

Tout le monde est mécontent, les patients, les médecins, tout le monde sauf certaines mutuelles qui fleurissent et s’enrichissent sans que l’on ait compris comment.

Le président du Conseil de l’Ordre des Médecins vient de tirer la sonnette d’alarme : il n’est plus possible de trouver un médecin omnipraticien à Paris, nouveau désert inattendu : à 23 euros l’acte, nul ne peut subvenir aux frais d’un cabinet intra muros. Seuls les médecins généralistes qui ont bénéficié de la création pour tous du secteur II par Raymond Barre (secteur rendu inaccessible pour eux depuis vingt ans et réservé aux seuls anciens assistants des hôpitaux-chefs de clinique) survivent et subsisteront jusqu’à leur retraite qui est prochaine (cela va donc s’aggraver).

L’année dernière, seuls 10 % des médecins diplômés dans l’année se sont installés en libéral et ceux-ci ne peupleront que quelques oasis. Parallèlement on trouve de moins en moins d’internes pour apprendre la chirurgie, car si les chirurgiens (11 452 euros par mois en moyenne avec l’apport du secteur II – « Le Nouvel Observateur » du 17/11/12) gagnent encore 70 % de plus qu’un médecin généraliste, le jeu, malgré leur plaisir à guérir, n’en vaut plus la chandelle car l’année dernière un chirurgien sur deux a fait l’objet, au moins une fois, d’une mise en cause (« le Quotidien du Médecin » du 3/12/12).

Pendant ce temps, quelques mutuelles sortent de leur rôle : certaines financent des bateaux de croisière, d’autres des écuries automobiles, l’une emploie des comiques aux tarifs moins hilarants que leur prestation. Quelques sièges sociaux sont devenus pharaoniques et des investissements erratiques peuvent se faire dans des hôtels quatre étoiles qui ne sont pas destinés à devenir des maisons de retraite (« Huffington Post » du 20/11/12). Un certain nombre de dirigeants des mutuelles sont très bien rémunérés : 48 000 euros chacun par mois pour les neufs plus hauts salaires de l’une, 250 000 euros chacun par an pour les dix plus hauts revenus d’une autre (id. « Huffington Post »). Et il existe des centaines de mutuelles différentes, soit des milliers de rémunérations prélevées sur les cotisations des Français, même si toutes ne pratiquent pas de telles dépenses. On en saura plus en 2014, quand les mutuelles seront obligées de communiquer leurs comptes. Car elles ont réussi à obtenir du gouvernement le report de cette obligation d’un an… Ces salaires sont à comparer aux revenus des médecins qui font le travail et en assument les risques. Quand la santé va mal, on pourrait invoquer l’urgence pour dévoiler la mariée.

Au total, les mutuelles redistribuent partiellement l’argent qu’elles collectent. Certaines sont plus coûteuses que d’autres. Un exemple : couple de retraités touchant 1 200 euros par mois, versant 180 euros par mois à leur mutuelle et n’ayant droit à aucune prise en charge d’un dépassement d’honoraires en cas d’hospitalisation… 2 160 euros par an versés par de pauvres gens et pas d’accès aux soins si le spécialiste ne leur offre pas !

L’opacité des comptes mutualistes qui a sans doute ses raisons, ne permet pas de savoir si le secteur représente plus ou moins 40 milliards d’euros de cotisations. De quoi financer le secteur II pour tous (actuellement 0,8 milliard sur 2,5 pris en charge par les mutuelles).

La vocation de ces organismes de la répartition mutuelle des risques ne devrait pas dépasser le cadre de la redistribution et cela sans frais de fonctionnement exorbitant. Pour cela il faut faire publier les comptes mutualistes pour distinguer le bon grain de l’ivraie.

Madame Touraine, vous devez faire encadrer la gestion mutualiste : déjà leur autoriser la publicité gratuite, celle d’Internet par exemple et pas l’autre qui dilapide les cotisations ; la qualité de leur rendement, par la réputation qu’elles se feront à redistribuer, fera le reste. Vous devez leur interdire l’accession à la propriété car ce n’est pas nécessaire à leur exercice mais ce peut être l’objet de dérives. Vous devriez exiger que les cartes de mutuelle dont disposent les patients, soient explicites et permettent aux affiliés de connaître leur niveau de protection, au lieu de ces cartons où tout est noté : 100 %.

Il est plus qu’évident que si l’argent investi par les Français dans cette protection privée qui a parfois dérapé, était redistribué, tous les médecins pourraient exercer en secteur II et fixer leurs tarifs sur celui du remboursement desdites mutuelles, au moins dans 50 % des actes. La moitié des patients français la moins aisée serait satisfaite de la vraie gratuité des soins, les déserts trouveraient des praticiens en nombre suffisant pour les abreuver d’une bonne médecine et les médecins retrouveraient un niveau de vie conforme à leur rang social et européen.

Madame Touraine, vous devez prendre ce risque. La Santé des Français est en jeu. La solution s’offre à vous sans mettre les finances de l’État à contribution. Il vous suffit de convaincre vos pairs d’arbitrer ce débat.

Médicalement vôtre…

* Chirurgien orthopédiste secteur II, ancien président de l’ISNIH

Fortuna au secours d’Esculape

Saint-léger du Bourg-Denis (76)

Dr Michel Lenois

Loto, Euromillions, Rapido… Les Français aiment les jeux de hasard. Ce penchant pourrait aider à renflouer la Sécu. Voici l’idée : il y a chaque semaine plusieurs dizaines de millions de consultations, de visites, de délivrances de boîtes de médicaments, d’actes de kiné, de soins dentaires, de soins infirmiers, d’analyses biologiques…

Proposons lors de chacun de ces actes un remboursement amputé de 50 centimes, ce qui est peu, bien moins que les deux euros d’une grille simple de Loto de la Française des Jeux. En échange, l’assuré participerait pour la semaine au Lotosécu. Un tirage au sort désignerait chaque dimanche soir un gagnant, et ce gagnant empocherait un million d’euros…

Il faudrait de savants calculs pour savoir combien cela rapporterait à la Sécu, mais à coup sûr, semaine après semaine ce serait quelques centaines de millions par an…

En tant qu’inventeur, je réclame dix pour cent sur chaque tirage si l’idée est adoptée !


Source : Le Quotidien du Médecin: 9207