Les déterminants des régurgitations sont multiples : l’œsophage est très court, le bébé souvent allongé et il absorbe des repas volumineux, par définition liquides exclusivement (qui remontent donc plus facilement). Par ailleurs, cette distension régulière de l’estomac par le lait favorise l’ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage…
La plupart de ces régurgitations ne nécessitent aucun traitement, et l’on n’intervient que si le reflux retentit sur l’état général, avec des douleurs évocatrices d’un problème œsophagien, qui se manifestent par des pleurs, des grimaces ou des mouvements d’hyperextension pendant ou juste après les repas, au décubitus, associées à des troubles de la sphère ORL ou une toux, une cassure de la courbe de poids. Ces régurgitations sont nombreuses avec parfois des mouvements de déglutition et différentes des simples régurgitations physiologiques du petit enfant. À cet âge, le principal diagnostic est celui de reflux gastro-œsophagien ; il concerne un enfant sur 3 ou 4. Il est porté sur la clinique dans 90 % des cas et ce n’est qu’en seconde intention, si les mesures hygiéno-diététiques et les médicaments ne suffisent pas, que l’on pratique une fibroscopie et/ou une pH-métrie.
Un traitement par paliers.
Lorsque l’enfant est nourri au sein, il le reste et un traitement médical est ajouté. S’il reçoit un lait artificiel, les repas sont épaissis soit en optant pour un lait anti-régurgitation (plus visqueux), soit à l’aide d’adjuvants, que l’on choisit par exemple selon leur effet sur le transit (la pectine de Gélopectose ou l’amidon de maïs de Magic Mix par exemple). On évite les repas trop rapprochés pour que l’estomac se vide complètement et l’enfant est bien sûr placé dans un siège après le biberon. Peut se poser la question d’une éventuelle allergie aux protéines du lait de vache (APLV). Les tests aujourd’hui ne sont ni fiables ni spécifiques et le seul qui vaille est le test d’exclusion, pour 24 à 48 heures, où l’amélioration doit être très nette et immédiate pour conclure à une APLV. On peut soulager une douleur liée au reflux ponctuellement avec du gel de Polysilane.
Quand ces mesures sont inefficaces, on peut recourir aux médicaments. Ils sont de plusieurs types et tous font l’objet de débats sur leur efficacité et leur sécurité.
Les antisécrétoires, d’une part, (Mopral, Inexium, Ogast ou Lanzor) sont très efficaces sur les douleurs, mais ne modifient en rien la physiologie de l’estomac (et du sphincter du bas œsophage) ; ils ne guérissent pas le reflux (qui à l’impédancemétrie persiste dans 60 à 80 % des cas). Ils sont bien tolérés sur six mois à un an, mais des questions subsistent sur l’innocuité réelle (osseuse en particulier) à plus long terme…
Deuxième famille de médicaments anti-reflux sur la sellette, les prokinétiques, qui ont pour vocation d’accélérer la vidange gastrique ; ils augmentent le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage et la clairance œsophagienne. La plupart ont toutefois été retirés du marché ou font l’objet de restriction chez l’enfant : Prépulsid pour des effets indésirables cardiologiques et Primpéran pour des effets neurologiques. Motilium, moins puissant, seul disponible (en sursis ?), n’est pas dénué d’effets cardiologiques, possiblement potentialisés par certains antibiotiques (les macrolides).
Des régurgitations persistantes.
Pour les formes résistantes à un traitement simple (antisécrétoires et/ou Motilium), on peut prescrire des prokinétiques plus puissants après manométrie œsophagienne. L’« immaturité » du sphincter œsophagien, en fait un déficit sphinctérien, peut aussi être d’origine génétique et perdurer toute la vie. À l’âge de la marche en général, les régurgitations disparaissent et ce reflux se manifeste par d’autres symptômes : otites séromuqueuses, pharyngite, toux, asthme, troubles du sommeil, infléchissement de courbe de croissance, etc. Il faut alors savoir penser au RGO et demander une pH-métrie pour infirmer ou confirmer cette intuition.
Dr Cargill : pas de lien d’intérêt.
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