› DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
« ELLE VOULAIT ÊTRE avec ses petits enfants, dans son jardin à pratiquer différentes activités », raconte le Dr Barbara Brui, praticien contractuel au service anesthésie-réanimation du Centre Hospitalier de Valenciennes. Pour sa colonoscopie, la patiente d’une soixantaine d’années a choisi de s’évader du bloc opératoire en optant pour une méthode alternative à l’anesthésie générale : l’hypnoanalgésie. Cette pratique combine les techniques de l’hypnose à une analgésie à faible dose. Depuis juin 2011, l’hypnoanalgésie se développe au CH de Valenciennes dans le cadre des chirurgies dites de surface : colonoscopies, thyroïdectomies, hernies inguinales, arthroscopies, opération des varices et de la carotide, hystéroscopies, changements de prothèses mammaires. Les avantages de l’hypnose médicale sont multiples : meilleur contrôle de la douleur du patient, récupération plus rapide après l’intervention, diminution des douleurs postopératoires, de la quantité de produits anesthésiants utilisés et des effets indésirables liés à l’anesthésie… « Cent pour cent des personnes sont hypnotisables », considère le Dr Brui. « Il y a trois facteurs pour que cela fonctionne : la motivation du patient, la confiance et la coopération avec les différents intervenants », ajoute-t-elle.
Fil conducteur.
Tout commence lors la consultation pré-anesthésique où sont abordées l’hypnose médicale et ses modalités. Au cours de cette consultation, le médecin anesthésiste convie le patient à réfléchir à un événement heureux déjà vécu qui servira de fil conducteur durant l’intervention. Dans la majorité des cas, le patient entre à l’hôpital le jour même de l’intervention chirurgicale. « Au moment de l’opération, je revois les patients juste avant de rentrer en salle », indique le Dr Brui. « Je leur demande de me décrire le thème qu’ils ont retenu, en me basant sur différents sens : le visuel, l’auditif, le kinesthésique, l’odorat... », poursuit-elle. Avant le début de l’intervention, le patient reçoit un analgésique à une dose très faible, non anesthésiante. « J’installe les patients dans la salle d’opération en décrivant la pièce avec les différents sens, puis je commence à modifier un tout petit peu le ton de ma voix, la tonalité… Je parle de manière un peu plus espacée… J’utilise des silences… Et je me base sur le thème qu’ils m’ont décrit pour les amener sur le chemin de ce thème », explique le Dr Brui. L’anesthésiste entretient l’état hypnotique tout en surveillant constamment les paramètres vitaux. Chef du service maladies de l’appareil digestif et de la nutrition au CH de Valenciennes, le Dr Arnaud Boruchowicz réalise des colonoscopies sur des patients sous hypnose. « Cela implique d’être plus attentif durant l’examen. On sait que le patient n’est pas complètement endormi et qu’il peut donc avoir des sensations douloureuses ou pas », souligne le gastro-entérologue.
Silence et concentration.
Dans la salle d’opération règne un silence profond seulement entrecoupé de quelques murmures de l’anesthésiste aux oreilles de la patiente. Son observation attentive permet de déceler tout signe d’inconfort, d’adapter l’hypnoanalgésie, voire de réinjecter si besoin une dose d’anesthésique local. Si le patient décroche de son hypnose ou si l’intervention devient plus lourde et complexe, le basculement vers une anesthésie générale est alors décidé. Sur la vingtaine de colonoscopies à ce jour réalisée au CH de Valenciennes, une poignée de cas a nécessité le recours à une anesthésie classique. Pour pratiquer l’hypnoanalgésie, un diplôme universitaire spécifique est nécessaire. Quelques centres dispensent ce type de formation, notamment l’Institut Émergence de Rennes. Au CH de Valenciennes, un tiers de l’équipe d’anesthésie est en cours de formation. « Se former à l’hypnoanalgésie est un investissement important en terme de temps pour le service », constate le Dr Nabil Elbeki, anesthésiste et membre du directoire du CH de Valenciennes. « A contrario, cette technique offre de nombreux avantages et c’est donc très important de pouvoir la proposer aux patients qui le souhaitent », conclut-il.
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