Myotomie endoscopique

Un bilan encourageant dans la gastroparésie

Publié le 01/10/2015
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La paralysie partielle de l’estomac (gastroparésie) n’est pas très fréquente mais, aux États-Unis, le nombre de cas a été multiplié par deux en dix ans. Elle peut être idiopathique ou toucher également des patients avec un diabète évolué à l’origine de lésions dégénératives nerveuses du tube digestif (et d’autres organes). Ces lésions provoquent un défaut de vidange gastrique, d’où la survenue de douleurs épigastriques, de vomissements et, plus grave, d’épisodes hypoglycémiques les aliments consommés ne passant pas correctement dans l’intestin. Dans le service du Pr Barthet des patients viennent de toute la France : environ deux diabétiques par mois sont opérés pour ce type de problème. La gastroparésie peut enfin toucher des patients opérés de l’œsophage et de la partie haute de l’estomac et dont le nerf vague a été lésé, empêchant l’ouverture du pylore et provoquant l’absence de contractions de l’estomac.

Une intervention beaucoup moins lourde que la chirurgie

Il s’agit d’une chirurgie endoscopique par les voies naturelles, chez un patient sous anesthésie générale et intubé. « L’endoscope est placé à cinq centimètres en amont du pylore. Une brèche est pratiquée dans la muqueuse et un tunnel artificiel, réalisé entre la muqueuse et la musculeuse. L’endoscope est ainsi remonté jusqu’à hauteur du sphincter pylorique, afin de le couper en deux et de supprimer toute retenue à son niveau. Il n’y a plus qu’à ressortir l’endoscope et à refermer la brèche muqueuse. Des reflux biliaires gastriques peuvent survenir par la suite, mais cet effet secondaire est bien moins grave que la retenue des aliments dans l’estomac. L’intervention dure environ une heure, il n’y a pas de cicatrice et le patient peut s’ alimenter dès le lendemain », précise le Pr Barthet.

Les principales complications sont infectieuses et hémorragiques, mais sur huit patients opérés jusqu’à présent par cette technique, il n’y a eu aucune complication (or, la plupart de ces patients n’étaient pas opérables). Pour six de ces huit patients, l’efficacité a été complète, avec une normalisation de la vidange gastrique attestée à la scintigraphie gastrique. Afin de compléter ces données préliminaires, une étude prospective est en cours sur trente patients depuis janvier 2015 et doit durer 24 mois. Elle portera sur une cohorte de patients diabétiques et sur une cohorte de patients opérés de l’œsophage.

Des endoscopistes et des chirurgiens à former

L’endoscopie par les voies naturelles est moins agressive que la chirurgie, mais elle n’a pas vocation à la supplanter : les deux techniques sont donc complémentaires. Se pose toutefois la question de la formation : comme il s’agit d’un acte nouveau, il n’est pas coté par la sécurité sociale ce qui est un frein à sa diffusion. De plus, la formation est un peu différente selon que l’on s’adresse à un chirurgien devant se familiariser à l’endoscopie ou à un endoscopiste, devant se familiariser à la chirurgie. La réalisation d’une trentaine de myotomies endoscopiques est nécessaire pour être à l’aise avec la technique.

D’après un entretien avec le Pr Marc Barthet (CHU Marseille)

Dr Nathalie Szapiro

Source : Bilan spécialiste