EN QUELQUES années les techniques de remplacement trachéal ont rapidement progressé. La toute dernière évolution, nous vient du Royaume-Uni où un garçonnet de 10 vient de subir la greffe d’une trachée issue d’un donneur, mais ensemencée par ses propres cellules souches médullaires. Leur différenciation devrait permettre, en quelques mois, de recouvrir le greffon d’un épithélium trachéal. L’intervention réalisée à Londres (Great Osmond Street Hospital), sous la houlette du Pr Martin Elliott, utilise une nouveauté supplémentaire : le jeune receveur fait office de bioréacteur. Une intervention similaire réalisée l’an passé en Italie par le Pr Paolo Macchiarini (Florence), qui participait à celle de Londres, avait déjà fait « pousser » les cellules souches in vivo chez la patiente.
Le garçonnet est né avec une sténose d’un long segment trachéal. Sa voie aérienne mesurait à peine 1 mm de diamètre. Un stent avait été posé rapidement, mais avec le temps le métal a érodé la trachée, lésant la paroi aortique. Un saignement était déjà survenu. En novembre dernier, l’intervention devenait vitale.
Du collagène inerte.
Un greffon trachéal a été obtenu, en février, en Italie à partir d’une donneuse de 30 ans. Par une action enzymatique il y a été privé de toutes ses cellules. Il ne persistait que du collagène inerte et la membrane basale. Au cours de l’intervention, qui a duré 9 heures, les cellules souches du receveur ont été déposées dans le greffon. Des facteurs de croissance y ont été associés. Grâce à l’apport des propres cellules du patient, la réaction de rejet devrait être minimisée.
Lors de la rédaction de cet article, les nouvelles concernant le jeune patient étaient rassurantes. Il respirait sans assistance et déclarait même n’avoir jamais respiré aussi librement.
Cette intervention est un aboutissement. Voici un an, donc, la même greffe était réalisée par P. Macchiarini chez une adulte. Il y a deux ans, dans une intervention similaire l’ensemencement avait été réalisé in vitro. Voici peu, une équipe de Leuven en Belgique, (le « Quotidien » du 14 janvier 2010) rapportait un succès après avoir implanté le greffon dans le bras du receveur afin d’obtenir une réépithélialisation. En 2006, enfin, des Français (Pr Wurtz, Lille) montraient qu’une régénération trachéale était possible à partir d’un greffon aortique.
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