L’avenir d’une activité partagée : coordonnateur et médecin traitant

Publié le 09/02/2012
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« CE DOUBLE MODE exercice n’est pas en passe de disparaître, bien au contraire. » Ainsi parle le Dr Bernard Oddos, qui préside le jeune syndicat de médecins coordonnateurs en EHPAD constitué depuis un peu plus d’un mois au sein de la CSMF. Le millier de médecins coordonnateurs et de praticiens à exercice mixte qu’il regroupe entend mieux se faire connaître. L’enjeu est de taille. Le médecin à exercice mixte, souvent médecin généraliste libéral qui, à temps partiel, devient médecin coordonnateur en EHPAD semble encore aujourd’hui le modèle le plus répandu. « En zone rurale, on voit mal comment les EHPAD pourraient se passer de ces précieux médecins généralistes à exercice mixte, car malgré les groupements de coopération, il devient quasi impossible pour les directeurs de recruter un médecin exclusif », affirme le Dr Oddos. Il voit se dessiner naturellement les choses de la manière suivante : « Exercent en EHPAD une moitié de médecins salariés exclusifs dont le profil, aujourd’hui, correspond à de jeunes femmes médecins gériatres ou des médecins jeunes retraités. » Une tendance selon lui bien établie puisque beaucoup d’EHPAD n’ont que 0,2 ou 0,3 équivalent temps plein de médecin coordonnateur à proposer. Une opportunité pour les médecins libéraux qui, à partir de 50 ans, recherchent parfois à diversifier leurs pratiques.

Des rémunérations mieux qualifiées.

Les écueils sur la nature de leurs rémunérations semblent aussi se régler. « L’évolution des honoraires perçus par les médecins généralistes intervenant dans des EHPAD et leur passage au tarif global relève d’un non-sens. À l’heure où plus aucun EHPAD ne passe au tarif global depuis deux ans, nous invitons les caisses d’assurance-maladie à participer au financement de ces charges sociales sur ces honoraires dus aux libéraux. » Sur la base de réponses récentes de l’administration, Bernard Oddos reste optimiste, affirmant que « la requalification par les URSSAF de ces reversements d’honoraires en salariat déguisé soumis à charges et prélèvements doit être une question réglée ».

« Pour le médecin généraliste qui ne perçoit que 2 ou 3 actes par mois dans un EHPAD, l’incidence financière reste faible, mais pour un médecin qui aurait une trentaine de résidents dans la structure, la question n’est plus la même et le manque à gagner peut alors atteindre plusieurs centaines d’euros », précise-t-il. En défendant l’idée que « la maîtrise des dépenses de santé dans les EHPAD ne peut pas l’emporter sur les règles de la médecine libérale, globalement mises à mal dans tous les domaines », le Dr Oddos se méfie de « la tentation de sanitariser les maisons de retraite à tout prix, en salariant les médecins qui assureront cette indispensable coordination ».

 L. M.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9081