C’est le printemps ! Et c’est aussi le Printemps des EHPAD. Cet événement, semé l’an passé dans le Limousin par les médecins coordonnateurs, d’EHPAD donc (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), réunit tous les professionnels qui travaillent auprès des personnes âgées dépendantes ainsi que leurs familles.
La deuxième « floraison » s’étend cette année sur de nouveaux terrains (après Nancy le 24 mars, Limoges le 1 er avril et Paris le 8, à l’hôpital Cochin) et s’emploiera à donner une nouvelle fois un coup de fraîcheur à une « science extrêmement nouvelle », la gériatrie. Telle est la description que fait de sa spécialité le Dr Stephan Meyer, président des médecins coordonnateurs de la Haute-Vienne, à l’initiative de l’événement.
Dialogue entier et ouvert.
À Limoges, jeudi, le 2 e Printemps des EHPAD sera marqué par deux tables rondes qui reviendront sur des réflexions lancées l’an passé. D’abord, la télémédecine et l’évolution des pratiques dans la région Limousin et puis une initiative, les conventions de bonnes pratiques à l’entrée en EHPAD.
Une personne âgée qui se présente à son arrivée dans un établissement avec en poche dix prescriptions et dix médicaments différents à avaler chaque jour, ce n’est pas rare. C’est ce que constatent les médecins coordonnateurs d’EHPAD, tout au moins ceux du Limousin. D’où l’idée qui leur est venue de profiter de cette entrée en établissement pour repartir sur de bonnes bases, « reprendre en compte toutes les pathologies et toutes les fragilités de la personne âgée » et ce à travers une « concertation entre le médecin coordonnateur responsable de la prise en charge globale du patient et le soin spécifique au malade qui relève de son médecin traitant ».
Concrètement, il s’agirait d’une fiche cosignée par le médecin traitant et le coordonnateur dans le mois qui suit l’admission de la personne âgée. « Nous nous appuyons sur des recommandations de bonne pratique, de notoriété publique, émises par les gériatres, explique le Dr Meyer . Il s’agit de choses très simples, par exemple de préciser que dans tel cas, il est inutile de prescrire deux anxiolytiques.Les personnes âgées sont polypathologiques. On a trop tendance à les traiter organe par organe alors qu’elles doivent être prises en charge dans leur globalité. Le dialogue avec le médecin traitant doit être entier et ouvert. Il faut parvenir à un traitement consensuel, pour le bien du patient. Le médecin traitant est le seul prescripteur de l’entrant en EHPAD et le coordonnateur doit, lui, se positionner comme l’expert gériatrique et s’efforcer de limiter l’iatrogénie. En diminuant le nombre de médicaments, on optimise assurément la prise en charge du patient. »
Dans les faits, le dialogue entre les deux médecins est généralement productif, reconnaît le Dr Meyer, mais ce document « devra permettre d’arrondir les angles dans les 10 % des cas où l’échange se passe moins bien ».
Réintégration du budget médicaments.
En novembre dernier, lors des 7 es Assises du médecin coordonnateur en EHPAD, la secrétaire d’État en charge des Aînés, Nora Berra, avait relevé la pertinence de plusieurs mesures figurant dans un rapport produit par différents groupes de travail, animés notamment par le Pr Claude Jeandel, président du Collège professionnel des gériatres français. « Je retiens (également) l’idée de formaliser une charte de bonnes pratiques entre le médecin traitant et le médecin coordonnateur », avait-elle affirmé.
Six établissements gériatriques du Limousin ont expérimenté ces conventions durant l’année qui vient de s’écouler. Et les médecins ont constaté un effet, notamment sur la prise médicamenteuse, assure le Dr Meyer. Pour le moment, le document se présente en format papier mais il devrait être informatisé. Cette démarche devrait « très probablement » se généraliser au niveau national. Une évolution qui irait de pair avec la réintégration du budget médicaments dans le forfait de soins des EHPAD, que l’on peut attendre pour 2011. Un argument économique supplémentaire. « Il s’agit de dépenser à bon escient », précise le Dr Meyer.
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