Interdite depuis 2007 par la Haute Autorité de santé, l’expression abdominale (qui doit être distinguée de la manœuvre de Mac Roberts avec expression sus-pubienne, indiquée en cas de dystocie des épaules), reste pourtant encore pratiquée, dans des proportions et circonstances qui ne sont pas bien précisées faute d’enquêtes.
L’abandon de ce geste avait été justifié par son vécu traumatique par les femmes et leur entourage, pouvant avoir des conséquences à long terme, et par le risque de complications, certes rares mais parfois graves. Au-delà des douleurs et ecchymoses abdominales, fractures de côtes et lésions périnéales sont régulièrement rapportées, mais aussi, de façon exceptionnelle rupture de rate, hépatique, ou utérine mais aussi déchirure du pédicule lombo-ovarien.
« On ne sait pas exactement ce qui peut conduire encore certains à recourir à l’expression abdominale : la force de l’habitude, pour éviter une manœuvre instrumentale ou un défaut d’organisation dans le service ne permettant pas de répondre à une situation urgente », indique le Pr Philippe Deruelle (CHU de Strasbourg), en soulignant que, quel que soit ce qui le motive, ce geste génère une situation de maltraitance.
Il est donc essentiel de rappeler qu’il ne doit plus être utilisé, ce qui nécessite, pour certains, un changement des pratiques, sous la responsabilité partagée de tous les membres de l’équipe et, pour d’autres, un changement d’organisation. Cela pose plus largement la question de l’organisation du système de soins périnataux.
Entretien avec le Pr Philippe Deruelle, Strasbourg
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