Gynécologie

Cancer du col de l’utérus : un lien étroit entre tabac et HPV

Par
Publié le 26/01/2024
Article réservé aux abonnés

En perturbant l’immunité locale et en entraînant l’excrétion de toxines au niveau de la glaire cervicale, le tabagisme augmente le risque d’infection persistante à HPV et contribue au risque de lésions précancéreuses, voire de cancer du col. Focus de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV).

Le tabagisme est plus nocif s’il est antérieur à l’exposition au virus

Le tabagisme est plus nocif s’il est antérieur à l’exposition au virus
Crédit photo : BURGER/ PHANIE

Les femmes présentent une plus grande susceptibilité que les hommes aux composés cancérigènes du tabac. « Le tabac est le premier facteur de risque modifiable : il est responsable de 13 % des cancers et il est particulièrement impliqué dans les cancers HPV induits (col de l'utérus et ORL) », indique la Dr Julia Maruani, gynécologue-obstétricienne à Marseille, vice-présidente de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV). De fait, une personne exposée au tabagisme (actif ou passif) a 32 % de plus de risque d'être atteint d'une infection à HPV par rapport à une personne non exposée. « Quand on est tabagique actif, ce surrisque atteint 70 % », souligne la spécialiste.

Le tabac comporte 4 500 composés chimiques : 60 sont oncogènes, notamment les benzopyrènes et les nitrosamines. La nicotine a également un impact : elle altère toutes les variantes de l'immunité (cellulaire, humorale, locale et générale). Si le tabagisme en France avait diminué de 2014 à 2019, le dernier rapport du Bulletin épidémiologique hebdomadaire montre une évolution inverse depuis 2019. Aujourd'hui, un quart de la population fume quotidiennement.

Le tabac joue sur la réplication du HPV, sur l'expression des oncoprotéines et sur la réponse immunitaire. « Fumer diminue la clairance et augmente donc la persistance du virus. Des études menées sur les femmes fumeuses montrent qu'elles ont 50 % de moins de chances d'éliminer le virus », note la Dr Maruani. Plus on fume, plus le risque d'avoir un papillomavirus augmente. « Enfin, une étude a montré que le tabagisme est encore plus nocif quand on a commencé à fumer avant d'être en contact avec le HPV », ajoute-t-elle. Des arguments qui plaident en faveur de l’aide au sevrage et à la prévention précoce chez les jeunes.


Source : Le Quotidien du Médecin