Le risque de grossesse est faible, mais il existe

Le choix d’une contraception après 45 ans

Publié le 08/03/2012
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Crédit photo : PHANIE

LA CONTRACEPTION est-elle bien nécessaire chez une femme après 45 ans ? On peut se poser la question dans la mesure où, à cet âge, l’immense majorité des femmes n’est plus féconde, même si la femme conserve un cycle régulier et si la FSH reste à une valeur normale, c’est-à-dire basse, inférieure à 10 mUI/ml. Cependant, le risque de grossesse ne peut être écarté de façon absolue. Et cela est encore vrai, même si la femme présente déjà les symptômes qui signent l’entrée en périménopause (cycles irréguliers, aménorrhée, bouffées de chaleur, FSH élevée…) et n’est donc pratiquement plus fertile. « Il faut donc expliquer à la femme que le risque de grossesse reste exceptionnel, mais qu’il existe quand même. Ensuite, c’est à elle de décider si elle veut une contraception ou si elle est prête à prendre ce risque », déclare le Dr David Elia.

Stérilet ou pilule.

L’utilisation du stérilet (DIU) au cuivre représente souvent un moyen contraceptif sûr et efficace, et bien toléré lorsqu’il n’y a pas de ménorragies. Dans le cas contraire, le stérilet au lévonorgestrel est indiqué : il entraîne une aménorrhée, intéressante dans ce contexte.

La pilule estroprogestative, surtout si elle est déjà prescrite depuis des années et si elle est bien tolérée, peut être continuée. Il faut cependant bien s’assurer de l’absence de contre-indications (obésité, antécédent de phlébite ou risque de phlébite, tabagisme, hypercholestérolémie, hypertension artérielle…).

La pilule estroprogestative, entre 45 et 50 ans, permet de protéger la femme des désagréments de la périménopause. En effet, elle régularise les cycles, avec des règles programmées à vingt-huit jours et elle masque les éventuelles bouffées de chaleur : la composante estrogénique de ces pilules compense avec bénéfice la carence en estrogènes.

Cette contraception présente l’avantage d’installer la femme dans un climat hormonal stable et équilibré jusqu’à la ménopause.

« On peut aussi dans certains cas, si la femme le souhaite et, bien sûr, si elle ne présente aucune contre-indication, même relative, instaurer une contraception orale estroprogestative avec une pilule de deuxième génération à faible dose d’éthinylestradiol (20 µg) ou avec un estrogène naturel, ou encore lui prescrire une pilule de 3e génération qu’elle a déjà eue… », explique le Dr David Elia. « Les contre-indications des contraceptifs estroprogestatifs concernent toutes les pilules y compris celles à l’estradiol naturel ainsi que le patch et l’anneau vaginal. Il faut ainsi exclure les femmes diabétiques, hypertendues, hyperlipidémiques, fumeuses... »

La contraception progestative ou l’implant peuvent représenter une alternative pour les femmes chez lesquelles la contraception estroprogestative et le stérilet sont contre-indiqués.

« Comme pour les jeunes femmes, je prescris pour ces femmes plus âgées, en même temps que la pilule un contraceptif d’urgence, de préférence l’ulipristal car il agit cinq jours après un rapport sexuel à risque et est plus efficace que le lévonorgestrel. »

Stérilisation tubaire.

La stérilisation tubaire est un moyen de contraception définitif, tout à fait envisageable. « La technique de stérilisation hystéroscopique Essure est aujourd’hui privilégiée par rapport à la cœlioscopie. C’est une méthode qui se fait en ambulatoire, sans anesthésie générale, peu douloureuse et efficace », ajoute le Dr David Elia.

Quant à la vasectomie (la ligature des canaux déférents chez l’homme), cette méthode rencontre encore de grandes résistances et est très peu utilisée en France.

Les spermicides (sous forme de tampons, crèmes, gels, ovules) si le couple s’en accommode évidemment, constituent à cette époque de moindre fécondité, un bon moyen de contraception. Enfin, les préservatifs peuvent être utilisés, tout dépend du mode de vie sexuelle du couple.

Conflit d’intérêt Dr David Elia : Théramex-Teva.

 CHRISTINE FALLET D’après un entretien avec le Dr David Elia (Paris).
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9095