Cancer du col

Les avantages du dépistage organisé

Publié le 24/06/2019
Article réservé aux abonnés
K col

K col
Crédit photo : Phanie

Cancer viro-induit, le cancer du col touche 3000 femmes par an, avec un pic d’incidence à 45 ans, et en tue 1100. Ce cancer, et ses lésions précancéreuses, pourrait être prévenus à 90 % en associant par le vaccin HPV – dont le taux de couverture reste inférieur à 20 % – et le frottis cervico-utérin (FCU), dont l’efficacité est prouvée, et qui est recommandé chez les femmes asymptomatiques, à 25 ans puis à 26 et tous les 3 ans jusqu’à 65 ans.

Reste que 40 % des femmes ne sont pas ou insuffisamment dépistées, en particulier celles de plus de 50 ans, en situation défavorisée, et ce avec des inégalités régionales. En conséquence, on observe une chute de la survie à 5 ans de ce cancer, qui est passée de 68 % en 1989, à 62 % en 2010.

17 centres régionaux

L’arrêté du 4 mai 2018 relatif à l’organisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus est un pas important au bénéfice de la santé des femmes. Il vise à réduire de 30 % de l’incidence et de la mortalité à 10 ans, par l’obtention d’un taux de couverture supérieur à 80 %, sur l’ensemble du territoire national chez toutes les femmes.

Ce plan national doit être piloté par le ministère de la Santé, évalué par Santé publique France, co-financé par les ARS et les régimes d’Assurance-maladie, dont les fichiers seront exploités. Il est organisé et relayé par l’INCa auprès des 17 centres régionaux de coordination des dépistages des cancers, qui seront en charge des invitations faites aux femmes, de la formation et de l’information des professionnels de santé, du suivi des résultats anormaux et de la qualité du programme.

Trois volets sont prévus pour satisfaire à ces objectifs ambitieux :

• Le rattrapage des non-participantes depuis au moins 3 ans, par des courriers d’invitation et de relance, avec une prise en charge à 100 % de la lecture cytologique.

Un travail sur la qualité, avec la centralisation régionale des résultats du frottis et des examens complémentaires effectués (virologiques, histologiques), après accord de la patiente, permettant de corriger des prises en charge diagnostiques et thérapeutiques manquantes ou inadéquates d’une part, la généralisation du frottis en phase liquide permettant un test HPV réflexe, en cas de frottis de signification indéterminée et formulation des conclusions cytologiques selon la terminologie Bethesda d’autre part, et enfin l’exclusion des femmes ayant eu une hystérectomie pour pathologie bénigne, ou nécessitant une prise en charge spécifique (suivi d’une lésion du col utérin, patiente symptomatique).

La mobilisation des professionnels de santé autour de leur rôle commun d’information et de sensibilisation des patientes, en collaboration avec les centres régionaux, pour la prise en charge idéale de celles-ci (suivi à 3 ans en cas de frottis normal, ou selon les recommandations INCa sinon, avec orientation vers un spécialiste le cas échéant).

La mise en place du dépistage organisé, aujourd’hui cytologique, permettra demain la généralisation du dépistage virologique, qui se développe en Europe.

(1) Département de gynécologie obstétrique et reproduction humaine, CHU Anne de Bretagne, Rennes
(2) Département de gynécologie obstétrique, CHU Hautepierre, Strasbourg

Pr Jean Levêque (1), Pr Jean-Jacques Baldauf (2)

Source : Bilan Spécialiste