« Au cours des dernières années, nous avons assisté au développement très important des médicaments biosimilaires dans le domaine de l’hématologie. Et aujourd’hui, dans notre spécialité, ces médicaments occupent une place de plus en plus centrale dans le domaine thérapeutique », explique le Dr Sylvain Choquet, praticien hospitalier dans le service d’hématologie clinique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Des biosimilaires, pas des génériques
Même si la spécificité des biosimilaires est de mieux en mieux connue du corps médical, il n’est sans doute pas inutile de rappeler quelques éléments de base. « Un médicament biosimilaire est pareil à un médicament biologique de référence dont le brevet est tombé dans le domaine public. Les médicaments biologiques ou biomédicaments, sont obtenus par un procédé biotechnologique qui implique une source biologique (protéines, cellules…) », précise l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en soulignant que les médicaments biosimilaires et les génériques ne sont pas comparables. « Les matières premières utilisées, les procédés de production, les modes d’action, les procédures d’autorisation de mise sur le marché sont différents », explicite l’Agence.
Vers une utilisation grandissante
Selon le Dr Choquet, c’est avec l’arrivée de l’EPO et des G-CSF que sont arrivés les premiers biosimilaires dans le domaine de l’hématologie. « C’était il y a maintenant plus de 10 ans et, au début, on peut dire que cela a vraiment été la guerre entre les laboratoires qui fabriquaient les princeps et ceux qui développaient les biosimilaires. Je me souviens que certains services d’hématologie refusaient de passer aux biosimilaires en craignant que les laboratoires de princeps cessent de financer des études cliniques. Puis, au bout d’un moment, tout cela a fini par se tasser et les biosimilaires ont vraiment commencé à être de plus en plus utilisés », explique le Pr Choquet.
Au départ, les biosimilaires étaient des médicaments de support mais aujourd’hui, on voit aussi de plus en plus de médicaments thérapeutiques, utilisés en première intention. « Un tournant a été l’arrivée des biosimilaires du rituximab. Là, cela s’est mieux passé entre les laboratoires mais on a encore assisté à des réticences de la part d’un certain nombre de collègues. Ils mettaient notamment en avant le fait que les fabricants de biosimilaires avaient pu valider d’un coup toutes les indications de l’AMM du princeps alors qu’ils n’avaient fait qu’une étude de phase 3 sur une seule de ses indications. C’est tout à fait réglementaire mais cela est encore mal compris par certains », constate le Dr Choquet.
Un intérêt économique indéniable
L’avantage des biosimilaires est leur coût en moyenne inférieure de 20 % à celui des princeps. « Pour des produits utilisés de manière quotidienne, comme le rituximab, cela peut représenter des économies très importantes pour un hôpital. A la Pitié-Salpêtrière, cela peut engendrer une économie de plus d’un million d’euros par an, indique le Dr Choquet, convaincu que les biosimilaires ont une action et une efficacité totalement identiques à celles des princeps. Globalement, une immense majorité des services d’hématologies sont passés aux biosimilaires ».
D’après un entretien avec le Dr Sylvain Choquet, service d’hématologie clinique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).
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