Depuis mars 2021, le daratumumab, cet anti-CD38, est autorisé en première ligne de traitement chez quasiment tous les patients atteints de myélome multiple. Au vu des études de phase 3, l’EHA-ESMO a en effet intégré le daratumumab à ses recommandations 2021 pour le traitement initial à la fois des patients non éligibles (60 %) et éligibles (40 %) à une autogreffe.
Le myélome multiple, seconde hémopathie avec 5 400 nouveaux cas par an, atteint des sujets âgés (70 ans en médiane), dont les deux tiers ont des atteintes osseuses au diagnostic et un tiers des atteintes rénales. Bien qu'à ce jour incurable, la survie du myélome multiple a doublé ces dix dernières années avec l'arrivée des immunomodulateurs, des inhibiteurs du protéasome tel le bortézomib, puis des anti-CD38 ciblant directement le plasmocyte malin, dont le daratumumab est le premier représentant. Avec à la clé une réponse rapide par activité antitumorale directe mais aussi durable via son activité immunomodulatrice au niveau médullaire.
Le daratumumab (D) est indiqué chez les patients non éligibles à une autogreffe en association aux protocoles VMP (bortézomib, melphalan et prednisone) ou RD (lénalidomide et dexaméthasone) utilisés à la suite des essais Alcyone et Maia (1,2). Alcyone a mis en évidence une réduction de 40 % des décès dans le bras D-VMP à 40 mois de suivi versus VMP seul ; Maia une amélioration de la survie sans progression sous D-RD versus RD (60 versus 38 %).
Une efficacité comparable à la voie IV
Le daratumumab est aussi indiqué chez les patients éligibles à une autogreffe de cellules souches en adjonction au protocole VTD (bortézomib, thalidomide et dexaméthasone), devenu de fait D-VTD et utilisé en traitement d’induction et de consolidation après l'essai Cassiopeia (3). À 100 jours après l’autogreffe, le taux de réponse complète est plus élevé dans le bras D-VTD (29 versus 20 %) et le risque de progression réduit de moitié (93 versus 53 %).
La mise sur le marché d'une forme sous-cutanée (SC) dont le prix sera superposable à celui de la forme intraveineuse (IV) devrait faciliter son utilisation. L'administration SC se fait en effet en trois à cinq minutes versus trois à sept heures pour la forme IV. Cette forme tout aussi efficace que la forme IV a par ailleurs l'avantage d'être mieux tolérée. Dans l'étude de phase 3 Columbia comparant voie SC et voie IV en monothérapie chez plus de 500 patients en rechute ou réfractaire, les taux de réponse à sept mois de suivi étaient similaires, mais avec moins d'intolérance lors de l'administration SC. L'Agence européenne des médicaments a ainsi délivré une autorisation de mise sur le marché pour la forme SC applicable à toutes ses indications actuelles.
D'après une conférence de presse des laboratoires Janssen, avril 2021.
(1) Mateos M.V. et al. NEJM 2018;378:518-28
(2) Facon T. et al. NEJM 2019; 380:2104-15
(3) Moreau P. et al. Lancet 2019;394:29-38
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