Recommandée depuis 2010 par l'Organisation mondiale de la Santé, l'autotransfusion de sang périopératoire s'est développée pour des interventions à haut risque hémorragique telles que la chirurgie vasculaire lourde, la transplantation hépatique ou cardiaque ou la chirurgie orthopédique (1).
Les systèmes actuels utilisent la centrifugation pour récupérer les cellules sanguines. Si le procédé récupère les érythrocytes, ils sont moins efficaces en ce qui concerne les facteurs de coagulation, les plaquettes et les leucocytes. « Les leucocytes, ça nous arrange de les perdre en route car on cherche à éviter l'inflammation, explique le Pr Alexandre Ouattara, chef du service de réanimation du groupe hospitalier sud (CHU de Bordeaux). La perte des plaquettes est en revanche un vrai problème, car la compétence hémostatique du patient est essentielle. »
La filtration tangentielle
Afin d'améliorer le pronostic des patients autotransfusés, le laboratoire i-SEP a développé un nouveau procédé consistant à traiter le sang perdu via un système de filtration tangentielle. Concrètement, cela consiste, dans un premier temps, à diluer le sang dans un liquide isotonique avant de le faire passer parallèlement par un filtre qui va récupérer progressivement les cellules sanguines selon leur taille.
Les premières données chez l'animal font état d'un taux de préservation des globules rouges de 91 % et d'un rendement plaquettaire allant de 53 à 81 % par cycle, contre seulement 5 à 11 % pour les techniques actuellement sur le marché. En outre, leur machine élimine l’héparine du sang jusqu’à 99,7 %.
Afin de valider ces données chez l'homme, un premier essai vient d'être lancé sur 50 patients (25 en chirurgie cardiaque et 25 en chirurgie orthopédique) dans les CHU de Bordeaux, de Rennes, de l'hôpital européen Georges Pompidou (AP-HP), du centre hospitalier privé de Rennes mais aussi en Belgique à Charleroi et Liège. Le critère principal d'évaluation sera le risque de complications postopératoires, et notamment le risque hémorragique. « On s'attend à un rendement de l'ordre de 80 %, ce qui devrait limiter le saignement périopératoire, prédit le Pr Alexandre Ouattara. Il reste à trouver quel rôle peut occuper ces appareils. »
Éviter l'inflammation
« On commence à épargner des transfusions sanguines allogéniques à partir de 500 ml de sang recomposé », précise le Pr Alexandre Ouattara. L'objectif est de ménager les réserves de l'Établissement français du sang, mais aussi d'éviter des morbidités associées à l'allotransfusion. « Avec une allotransfusion, il y a un risque infectieux très faible, mais non nul, explique le Pr Ouattara. Il y a aussi et avant tout un risque d'inflammation qui fait le lit du risque infectieux postopératoire. On sait en outre que le fait d'avoir stocké des produits sanguins pendant plus ou moins de temps peut les enrichir en substances qui favorisent les dysfonctions d'organe et l'immunomodulation ». Si le résultat de l'évaluation est positif, le laboratoire espère un marquage CE en 2022.
(1) Il existe quelques contre-indications comme les patients à groupes sanguins rares ou les opérations où le sang peut être contaminé par des sécrétions (rupture du tube digestif) ou des cellules cancéreuses.
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