C’est à la Société française de radiologie (SFR) junior que revient l’honneur de coordonner ce numéro Bilan annuel du Quotidien du Médecin. Cela témoigne de la continuité de l’engagement de la SFR envers les jeunes radiologues, et de la volonté de ceux-ci de prendre part activement à la construction de l’avenir de leur spécialité.
En dix ans, l’imagerie diagnostique et thérapeutique a été transformée, avec un changement de pratique présent au sein de chaque spécialité d’organe. La radiologie bénéficie clairement d’apports technologiques exponentiels, appliqués à l’imagerie médicale. La finalité étant de diagnostiquer plus précisément et plus rapidement pour mieux traiter : voilà ce qui rend centrale la place du radiologue dans le parcours de soin des patients.
Il est intéressant de voir que le choix du mode d’exercice des jeunes radiologues interrogés dans ce numéro – qu’ils aient une activité publique hospitalière, hospitalo-universitaire, ou privée – dépend en premier lieu de l’adéquation entre l’individu et les équipes médicales rencontrées : la qualité du plateau d’équipement, la possibilité de s’impliquer dans son domaine d’expertise, en lien avec un réseau de cliniciens afin de pouvoir prendre en charge au mieux les patients. Chacun trouve sa voie en fonction des portes poussées, et de ses affinités.
Le tableau a l’air idéal, mais il est emprunt de réelles inquiétudes sur l’avenir de la santé en France, découlant de la crise économique. J’aborderai ici trois points :
1) La radiologie, qui est à la fois diagnostique et interventionnelle, est une spécialité qui évolue très rapidement. Elle nécessite un plateau technique de pointe, et ce dès notre formation afin d’être capable d’acquérir un niveau d’excellence et de se maintenir à jour des techniques d’innovation. Cela sous-tend qu’il faut continuer à renouveler et à développer notamment le parc IRM en France.
2) Les patients ne choisissent pas une IRM dernier cri comme ils choisiraient le dernier smartphone ! Nous ne sommes pas dans l’application d’une société consumériste, ils ne choisissent pas d’être malades. Nous devons, en tant que médecins, leur permettre un accès au soin de la meilleure qualité possible, à toutes les étapes : dépistage, diagnostic, traitement et suivi thérapeutique. Il s’agit de consolider deux points fondamentaux de la médecine française : l’égalité de soins et leur permanence, dans le but de s’adapter aux besoins sanitaires d’un bassin de population, dans son ensemble.
3) Cela ouvre le débat de l’économie dans le domaine de la santé. Et, sur ce point, le mode actuel de fonctionnement tarifaire, la T2A, tant dans le public que dans le privé, semble obsolète, et pousse à des dérives du système de soin. Une première mesure peut déjà s’appliquer, celle de choisir le bon examen radiologique en fonction de l’indication, grâce au guide de bon usage, opposable car validé par nos Pairs et disponible sur internet (1). Mais surtout, des solutions économiques visant à prendre en considération la complexité de la situation clinique d’un patient doivent être trouvées. Des données objectives autres que la simple quantification des actes existent. Valoriser le temps médical passé, le domaine d’expertise, la transdisciplinarité des prises en charge (réunion de concertations pluridisciplinaires), la recherche, sont des pistes, pas uniquement radiologiques, mais de considération de la médecine en général par rapport à la prise en charge d’un patient.
Sur ces points, en aucun cas il ne faut opposer public et privé. Chacun a à apporter au système de soin. Une vision éclairée et nouvelle de l’économie de santé est nécessaire et attendue si l’on veut se donner les moyens de garder une médecine de pointe en France.
Service de neuroradiologie, centre hospitalier Sainte-Anne.
(1) gbu.radiologie.fr
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