Changer le groupe sanguin d'un organe, une nouvelle méthode pour lutter contre la pénurie de greffon

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Publié le 22/02/2022
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Crédit photo : Phanie

Les chercheurs canadiens du centre Ajmera de transplantation (hôpital général de Toronto) sont parvenus ex vivo à modifier le groupe sanguin d'un poumon, le faisant passer du groupe A au groupe O (receveur universel), le rendant ainsi éligible à un plus grand nombre de patients. Ils ont décrit leurs résultats précliniques dans « Science Translational Medicine ».

La technique employée repose sur la combinaison de deux enzymes : la FpGalNAc déacetylase et la FpGalactosaminidase. L'association de ces deux protéines est en mesure de transformer les globules rouges du groupe A (ABO-A) en globule rouge du groupe O (ABO-O), en retirant spécifiquement l'antigène humain A.

Les auteurs sont d'abord parvenus à procéder à cette transformation ex vivo sur cinq échantillons de globules rouges humains, puis sur trois aortes humaines. Le cocktail enzymatique retirait plus de 99 % des antigènes A dans les prélèvements sanguins, et plus de 90 % au niveau des échantillons d'aorte, en utilisant des concentrations faibles, de l'ordre de 1 μg/ml.

Améliorer l'équité du don d'organe

Dans un second temps, ce sont huit poumons humains sous perfusion qui ont bénéficié du même traitement. L'analyse du niveau d'expression d'antigène A a révélé qu'environ 97 % d'entre eux avaient été retirés au bout de 4 heures d'exposition. Ces mêmes poumons ont été perfusés par du plasma ABO-O. Les chercheurs ont constaté une diminution importante des dépôts d'anticorps, comparés à ce qui était observé avec des avec des poumons contrôles ABO-A.

« Cette stratégie a le potentiel d'augmenter la compatibilité des poumons issus de donneurs du groupe sanguin A et d'améliorer l'équité dans l'allocation des greffons disponibles », concluent les auteurs. Si elle était généralisée, cette technique pourrait virtuellement faire passer le pool de donneurs universels de 55 % (soit la part actuelle de donneur du groupe O) à plus de 80 %. 


Source : lequotidiendumedecin.fr