Des chirurgiens américains transplantent un rein de porc sur un patient vivant, une première

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Publié le 21/03/2024

Des chirurgiens américains ont transplanté le rein d'un porc génétiquement modifié sur un patient vivant, une première, après des opérations semblables sur patients en état de mort cérébrale.

Crédit photo : Shelby Lum/AP/SIPA

« Il se remet bien et devrait bientôt quitter l’hôpital » : un patient âgé de 62 ans, souffrant d’insuffisance rénale chronique, a reçu un rein de porc génétiquement modifié le 17 mars, après une opération de quatre heures, indique un communiqué du Massachusetts General Hospital, à Boston.

Les médecins « m'ont minutieusement expliqué les pour et les contre de la procédure », déclare Richard Slayman, de la ville de Weymouth dans le Massachusetts. « J'ai vu cela comme un moyen non seulement de m'aider moi, mais aussi de donner de l'espoir à des milliers de personnes qui ont besoin d'une greffe pour survivre », a-t-il ajouté, cité dans le communiqué. Ce patient avait par le passé déjà reçu une greffe de rein humain, mais avait dû reprendre la dialyse depuis mai 2023.

« Nouvelle frontière en médecine »

Des reins de porcs génétiquement modifiés avaient déjà été transplantés, et fonctionné, sur des humains en état de mort cérébrale. La première avait été réalisée en septembre 2021 par des chirurgiens de l'hôpital NYU Langone de New York. D’autres malades vivants ont reçu une greffe de cœur d'un porc génétiquement modifié, mais ils sont ensuite décédés.

À Boston, le rein a été fourni par l'entreprise eGenesis. Cette opération « représente une nouvelle frontière en médecine et démontre le potentiel de la modification du génome pour changer la vie de millions de patients dans le monde qui souffrent d'insuffisance rénale », a déclaré Mike Curtis, patron d'eGenesis. Les xénogreffes représentent un défi car le système immunitaire du receveur a tendance à attaquer l'organe étranger. Les modifications génétiques sont réalisées afin d'amoindrir le risque de rejet : certains gènes de porc ont été enlevés, et des gènes humains ajoutés, à l'aide de la technologie Crispr-Cas9. Les scientifiques ont également procédé à l’inactivation de rétrovirus du porc pour éliminer le risque d'infection après la greffe, explique le communiqué. « Le succès de cette greffe est l'aboutissement des efforts de milliers de scientifiques et médecins depuis plusieurs décennies », a souligné le Dr Tatsuo Kawai, chirurgien au Massachusetts General Hospital.

Alors que plus de 100 000 personnes attendent une greffe d'organe aux États-Unis, principalement de rein, les xénogreffes laissent espérer une solution à la pénurie de greffons. Non sans soulever des questions éthiques et philosophiques. La Société francophone de transplantation consacre au sujet la première édition des Spring Hits (28 et 29 mars 2024, Paris), un nouvel événement scientifique.

C.G. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr