Isabelle Dinoire, la première patiente au monde greffée de la face en 2005, à l'âge de 38 ans, est décédée le 22 avril 2016 « des suites d'une longue maladie », « entourée de ses proches », confirme ce 6 septembre le CHU d'Amiens, après les révélations du Figaro.
« En accord avec la volonté de ses proches, aucun avis de décès n'avait alors été publié dans la presse, pour préserver leur légitime intimité en ces moments douloureux », écrit le CHU d'Amiens.
Défigurée par son chien, Isabelle Dinoire avait été opérée le 27 novembre 2005 par le Pr Bernard Devauchelle, spécialiste de chirurgie maxillo-faciale, et le Pr Jean-Michel Dubernard, auteur de la première allogreffe de la main à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon, en 1998. La greffe du triangle facial formé par le nez, la bouche et la mâchoire avait été réalisée à partir d'un greffon prélevé sur une donneuse en état de mort cérébrale encéphalique, avec l'autorisation de sa famille.
Les premiers résultats publiés dans le « New England Journal of Medecine » à 18 mois étaient encourageants. En 2012, le Pr Devauchelle déclarait qu’Isabelle Dinoire menait une vie normale « hormis les comprimés qu'elle se doit de prendre ». « Elle prend un traitement comme peut prendre quelqu’un à qui on a retiré la thyroïde ou un diabétique », ajoutait-il.
Selon « le Figaro », « l'hiver dernier, elle avait subi un nouveau rejet du greffon et avait perdu une partie de l'usage de ses lèvres. Par ailleurs les lourds traitements anti-rejet qu'elle devait prendre à vie avaient favorisé la survenue de deux cancers ».
Une série de greffes de la face depuis
Depuis 2005, une trentaine d'allogreffes partielle ou totale ont eu lieu dans le monde. En France, le Pr Laurent Lantieri a réalisé une greffe nez-bouche-menton et une partie des joues au CHU Henri-Mondor de Créteil chez un patient souffrant de neurofibromatose en 2007, une greffe faciale accompagnée d'une greffe des deux mains sur un homme de 30 ans grièvement brûlé (qui décède deux mois plus tard d'une défaillance cardiaque) en 2009, et en juin 2010, une greffe totale du visage avec paupières et système lacrymal chez un patient atteint de maladie génétique. La Chine, l'Espagne, et les États-Unis ont réalisé des opérations similaires. Une greffe totale du visage, du cuir chevelu, des oreilles et des conduits auditifs sur un ex-pompier volontaire en août 2015 par l'équipe du Pr Eduardo Rodriguez au centre NYU Langone de New York est présentée comme la plus complète à ce jour.
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