Retour de la coqueluche et de la rougeole : Lyon veut immuniser contre la défiance à l’égard des vaccins

Publié le 11/06/2015

Crédit photo : DR

« Nous souhaitons que Lyon soit une métropole de la santé globale, déclare Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon. Dans un contexte de défiance à l’égard des vaccins et d’inquiétude des autorités sanitaires, nous avons décidé de lancer une campagne d’information pour sensibiliser le public et les professionnels de santé à la prévention des maladies infectieuses. »

La ville de Lyon lance une grande campagne de sensibilisation à la vaccination, impliquant tous les acteurs de santé. L’objectif : aider les habitants à trouver une information scientifique et fiable sur les vaccins et les inviter à faire le point sur leurs vaccinations avec un professionnel de santé.

Appel aux professionnels de santé

Baptisée « Immuniser Lyon », elle se déroulera sur un an, de mai 2015 à mai 2016. Elle se déclinera en un site internet (Immuniser-Lyon.org), des actions de sensibilisation et une campagne de communication bénéficiant du soutien de personnalités locales comme l’actrice Mimie Mathy, le footballeur Alexandre Lacazette et le chef Mathieu Viannay.

Le site, également disponible en version mobile, permettra de réaliser un bilan personnalisé de ses vaccinations et de s’informer sur les maladies et les vaccins. Des posters et dépliants seront distribués par les professionnels de santé libéraux, médecins, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, mais aussi par les hôpitaux, les centres et réseaux de santé, les centres de vaccination et les acteurs institutionnels et éducatifs.

« Les professionnels de santé ont un rôle majeur à jouer pour restaurer un climat de confiance envers les vaccins, estime Gérard Collomb. Il faut que les citoyens puissent trouver facilement une information fiable et qu’on réponde à leurs questions sur les vaccins. » Pour lui, « Immuniser Lyon » est l’occasion « de créer des passerelles entre des acteurs qui n’ont pas toujours l’occasion de travailler ensemble ».

Deux décès dus à la coqueluche en 2013

La campagne permet aussi de rappeler que certaines maladies sont en train de revenir sur le devant de la scène. « Nous observons une résurgence de la coqueluche et de la rougeole dans nos services », s’alarme le Pr Yves Gillet, chef du service des urgences pédiatriques à l’hôpital Femme-mère-enfant (HFME) à Lyon. En période hivernale, son service a accueilli un enfant par semaine atteint de coqueluche. « Ce sont souvent de très jeunes enfants, que nous devons parfois hospitaliser en réanimation pédiatrique, a souligné le pédiatre. Nous n’avons pas eu de décès en 2014 mais nous en avons eu deux en 2013. Certes, les chiffres sont peu élevés, mais tous ces cas sont évitables et aucun enfant ne devrait mourir d’une maladie évitable. » Quant à la rougeole, « nous sommes revenus dans un creux actuellement, mais nous avons connu une grosse épidémie entre 2006 et 2011, se souvient le Pr Gillet. Nous n’avons pas eu de décès à Lyon, mais une fillette de douze ans est morte en Haute-Savoie. Il n’existe aucun traitement pour cette maladie, on peut seulement soigner les symptômes et croiser les doigts pour qu’il n’y ait pas de complications… Les formes graves représentent quand même un cas sur 1 000 de rougeole. »

Un exemple pour d’autres villes

Pour lui, le plus important est « d’informer les gens sur la vaccination, sans jouer sur l’émotion, avec des faits, des données et des informations scientifiques validées. Il ne s’agit pas d’obliger les personnes à se faire vacciner, mais de les informer et de les laisser ensuite prendre leur décision en toute connaissance de cause ».

Favorable à la suppression de l’obligation vaccinale, le Pr Gillet estime qu’il faudra néanmoins la remplacer par « de l’éducation ». « Je compte beaucoup sur l’intelligence », résume-t-il. Pour Gérard Collomb, « ce que nous faisons à Lyon peut avoir valeur d’exemple pour d’autres villes. Il faut remettre l’accent sur la nécessité de la prévention et donc de la vaccination », conclut-il.

Anne-Gaëlle Moulun

Source : lequotidiendumedecin.fr