Avec près de 2500 participants, le Congrès francophone d’allergologie est devenu l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de la discipline. Déclinée autour du thème “médicaments et allergie”, l’édition 2018 a été l’occasion de battre en brèche certaines idées reçues sur les allergies médicamenteuses.
Thème phare du récent Congrès francophone d’allergologie (Paris, 17-20 avril), l’allergie aux médicaments concerne 7 % de la population générale, avec au premier rang les antibiotiques puis les AINS/antalgiques, les produits de contraste et les chimiothérapies. Les mécanismes en jeu sont encore assez mal connus, mais prédominent les réactions IgE dépendantes et les HSR (hypersensibilité retardée) médiées par les lymphocytes, les deux pouvant coexister. Le défi est d’identifier le mécanisme des réactions indésirables pour ne pas méconnaître une allergie vraie susceptible de provoquer une anaphylaxie, mais aussi de ne pas étiqueter trop vite des patients comme allergiques afin de ne pas les priver de thérapeutiques indispensables.
« Allergique aux pénicillines », une mention à bien peser
Allergie ou intolérance ?
Parmi les réactions aux médicaments, 10 % seulement sont d’origine allergique. Les réactions d’intolérance peuvent être liées à divers mécanismes, dont la libération d’histamine, la production de leucotriènes avec souvent une susceptibilité individuelle.
L’allergie est d’autant plus probable que la réaction est précoce et sévère, que les symptômes sont évocateurs (urticaire, angio-oedème, bronchospasme, rhinite, choc anaphylactique), la molécule connue pour son risque allergique potentiel.
Le diagnostic repose sur des tests cutanés et le dosage des IgE spécifiques, voire des tests de provocation orale si nécessaire.
Allergie et vaccins, peu d’incompatibilités vraies
Les réactions anaphylactiques sont rares, 1,3 par million de doses (0,65 chez l’enfant). Leur exploration repose sur les tests cutanés et le dosage des IgE spécifiques. Elles contre-indiquent la vaccination incriminée. Lorsque l’allergène en cause n’est pas l’antigène du vaccin mais un autre composant, il peut être possible de contourner l’obstacle en choisissant un vaccin d’une autre marque car la composition varie selon les fabricants. En l’absence d’alternative, un protocole d’accoutumance peut être proposé en milieu hospitalier.
Quant au développement ou à l’aggravation d’une allergie chez l’enfant après les premiers vaccins, l’étude allemande KIGGS n’a pas montré d’association entre vaccination et risque d’atopie, et les données disponibles sur la vaccination antigrippale confirment qu’elle n’influence pas la survenue de l’allergie et n’aggrave pas l’asthme. « Il n’y a pratiquement pas de contre-indication vaccinale chez l’enfant atopique, explique le Dr Laure Couderc (Rouen), à condition d’éviter de vacciner les patients sous corticothérapie orale ou lors de poussées d’asthme ou de dermatite atopique, vu le risque d’exacerbations. Ces enfants étant particulièrement sensibles aux infections, l’abstention vaccinale ne serait pas sans conséquences. »
Concernant l’allergie à l’œuf, les quantités d’ovalbumine sont faibles dans le vaccin antigrippal ou le ROR et ne contre-indiquent pas la vaccination à dose complète, réalisable sans test préalable, sauf antécédent d’anaphylaxie majeure où elle sera pratiquée en milieu hospitalier. Pour le vaccin contre la fièvre jaune, les injections doivent être faites – après un testing préalable – à doses progressives sous surveillance hospitalière.
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Déremboursement annoncé des APSI : les allergologues vent debout
Le 13e CFA a été l’occasion pour les allergologues de réaffirmer leurs mécontentement et leurs craintes face à l’avis de la HAS préconisant un abaissement du remboursement des APSI (allergènes préparés spécialement pour un individu). Tandis que la pathologie allergique explose et qu’il n’existe pas de traitement alternatif à la désensibilisation, cette décision constituerait une véritable catastrophe pour les patients et un recul inédit dans l’accès aux soins, estime la profession. « En remboursant à seulement 15 % l’immunothérapie sublinguale et pas la voie sous-cutanée, la moitié des allergiques ne pourra plus être traitée », remarque le Pr Jocelyne Just, présidente de la Société française d’allergologie. Selon les allergologues, la HAS a recalé l’immunothérapie, en se basant sur des études en double aveugle vs placebo peu adaptées pour apprécier son efficacité, vu le grand nombre d’allergènes à évaluer, alors que les méta-analyses seraient plutôt favorables. Ainsi, dans l’asthme, l’immunothérapie se révèle efficace sur la symptomatologie, mais modifie aussi l’histoire de la maladie en limitant le développement de l’asthme chez les enfants atteints de rhinite aux pollens. « Laissez-nous le temps de regarder chez les patients dans la vraie vie », plaident les allergologues.