Absence VIH-1 détectable à 30 mois chez le bébé traité très tôt

Publié le 24/10/2013
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Crédit photo : Phanie

À la CROI en mars 2013 était publié le cas d’un nouveau né de mère infectée par le VIH-1, traité dès 30 heures après la naissance par antirétroviraux, et chez qui la présence du virus n’était plus détectable à un contrôle à distance, alors que le traitement avait été interrompu.

Une publication dans le « New England Journal of Medicine » portant sur le suivi de cet enfant, montre qu’à l’âge de 30 mois, l’enfant demeure indemne de la présence du virus aux examens biologiques.

Au moment de la publication du cas, les auteurs (Deborah Persaud et Catherine Luzuriaga) ont évoqué une « guérison fonctionnelle », c’est-à-dire que « il n’y a plus de virus détectable ni de signe de la maladie en l’absence de traitement antirétroviral. »

Empêcher la formation d’un réservoir

Ce constat laissait augurer que donner un traitement antirétroviral dès les premiers jours de la vie à des enfants infectés par leur mère (au cours de la grossesse ou de l’accouchement) pourrait peut-être empêcher la formation d’un réservoir du virus.

Avec le recul, cette notion semble se confirmer, comme en témoigne la publication du NEJM par la même équipe qui le suit. À l’âge de 30 mois, les taux d’ARN plasmatique du VIH-1, ceux d’ADN proviral dans les mononucléaires périphériques, et les anticorps suscités par le VIH-1, qui ont été évalués au moyen des tests de dosage ultrasensibles, sont demeurés indétectables.

L’histoire est celle d’un nouveau-né d’une mère séropositive pour le VIH-1, né à 35 semaines de grossesse, qui a reçu un traitement antirétroviral (ARV combinaison de zidovudine, lamivudine et névirapine sous forme liquide), 30 heures après la naissance, à titre préventif étant donné le risque élevé d’avoir contracté le virus. La prophylaxie antirétrovirale n’avait pas été administrée à la mère lors de l’accouchement.

Traitement interrompu à 18 mois

Les tests de détection de l’ARN viral ont par la suite montré à plusieurs reprises la présence de l’infection chez l’enfant. À un mois, la charge virale avait chuté à moins de 50 copies/ml. Le traitement a été poursuivi jusqu’à l’âge de 18 mois, puis interrompu pour des raisons peu claires. À 23 mois, le bébé est revu en consultation. La PCR a alors montré un ARN VIH-1 indétectable. Maintenant, à 30 mois, au jours où l’observation a été recueillie pour être publiée dans le NEJM, l’enfant n’a toujours pas reçu d’antirétroviraux et la présence de l’ARN du virus est demeurée constamment indétectable.

Le Pr Jean-François Delfraissy (directeur de l’Agence National de Recherche sur le Sida), commentant la première publication à la CROI, avait évoqué la possibilité que l’enfant soit un « post treatment controler », dont il y a une cohorte d’une vingtaine de patients à l’étude en France.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr