Appliquer les recommandations pour éviter la transmission sexuelle d'Ebola, une tâche difficile

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Publié le 23/09/2020
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Crédit photo : AFP

Un des enseignements importants de l'épidémie d'infection par le virus Ebola qui a endeuillé l'Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016 a été la persistance du virus dans un certain nombre de réservoirs viraux plusieurs mois après la guérison, en particulier dans les larmes, le lait maternel et le sperme. Plusieurs résultats d'études ont conduit des instances comme le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à recommander des périodes plus ou moins longues d'abstinence sexuelle après une guérison. Selon un article publié dans les « PLOS Tropical Neglected Disease », ces recommandations sont peu ou pas suivies.

L'OMS recommande également l'utilisation du préservatif par les survivants masculins d'une infection par le virus Ebola pendant une période d'un an, ou jusqu'à ce que deux tests PCR successifs réalisés à partir d'échantillons de spermes soient revenus négatifs. Des chercheurs américains et libériens ont donc suivi 171 hommes pendant l'année qui a suivi leur guérison, dont 148 ont reporté avoir été sexuellement actifs pendant cette période. Plus de la moitié (59 %) ont déclaré avoir eu des rapports sexuels non protégés par un préservatif.

Pas d'infection documentée dans la cohorte

Au cours du suivi, de l'ARN de virus Ebola a été détecté dans le sperme de 13 hommes. Lors de leur interrogatoire, 61 % de ces hommes ont expliqué que la positivité du test n'a pas modifié leur comportement sexuel, et 46 % d'entre eux ont eu des relations sexuelles non protégées avant et après leur test positif.

Chez les hommes ayant des tests négatifs, 66 % n'ont pas changé leur comportement après avoir été testés, 55 % n'utilisaient pas de préservatifs avant et après le test, et 11 % ont abandonné le préservatif après avoir reçu un résultat négatif.

Les auteurs précisent qu'aucune transmission du virus par voie sexuelle n'a été documentée dans leur cohorte. Ces résultats « illustrent la nécessité de mieux comprendre ce que signifie la présence d'ARN viral du point de vue du risque infectieux, de même que les inconnues sur les conseils à donner aux survivants d'une infection Ebola ».


Source : lequotidiendumedecin.fr