Courrier des lecteurs

Assumons notre rôle de professionnels de santé !

Publié le 28/04/2020

Depuis l’arrivée brutale et meurtrière du COVID-19, notre système de santé nous a conduits à modifier certaines de nos pratiques. Très rapidement, les pouvoirs publics ont expliqué à nos concitoyens les risques qu’ils pouvaient prendre lors de rassemblements, mais aussi lors de consultations médicales. En parallèle, il a été conseillé aux patients polypathologiques d’aller renouveler leurs ordonnances dans leurs pharmacies (lieux hautement aseptiques) sans aller consulter leur médecin.

Cependant, certaines bonnes âmes se sont inquiétées de la difficulté de prise en charge de certains patients ayant des pathologies chroniques et nécessitant des soins urgents. Ces gros malades ont de grosses difficultés pour être consultés par les spécialistes (nombreux sont ceux qui ont fermé leur cabinet), mais aussi par leurs médecins traitants.

Il ne faut pas oublier qu’il est possible de s’organiser au sein de son cabinet médical pour pouvoir recevoir les patients, ou même aller à leur chevet ; cela avec une sécurité optimale. Les personnes nécessitant des soins actuellement ne sont pas toutes porteuses d’un COVID-19;

Très récemment, l’Ordre a expliqué que les patients atteints d’un COVID-19 étaient souvent vus trop tardivement par les généralistes. Ces derniers devaint de ce fait faire un effort pour éviter de les envoyer à un stade trop avancé en unité de réanimation. Cela me laisse quelque peu perplexe car, d’un côté, on ne nous fait pas confiance pour gérer la sécurité au sein de nos cabinets, et d’un autre, on nous juge responsables d’un défaut de prise en charge.

Des confrères effrayés par la surmédiatisation de cette pandémie

Nombreux sont les confrères qui restent très désorientés par cette pandémie, et adoptent un comportement qui tient compte de plusieurs paramètres.

D'abord, les risques infectieux qui peuvent survenir lors d’une consultation. Un bon nombre ne veulent pas recevoir les patients dans ces conditions ; volonté favorisée par le climat ambiant qui risque de leur faire porter le chapeau dès lors qu’un patient sera contaminé. Cette situation a été déjà relayée par les médias qui dénoncent le comportement de certains médecins qui n’auraient pas observés le confinement malgré leur contamination.

Ensuite, l’arrêt de leur activité professionnelle. Car les patients qui ingurgitent toute la journée des informations alarmistes refusent de venir dans les cabinets médicaux. Et certains jugent inapproprié de faire le pied de grue dans un cabinet vide.

Enfin, la volonté pour le médecin de ne pas prendre de risque à titre individuel. Il est certain que même en ayant adopté des règles pour éviter la transmission du COVID-19, le risque zéro n’existe pas. De fait, on peut plus facilement se contaminer que les autres concitoyens. D’autant que la prise en compte par nos dirigeants de la protection des professionnels de santé a été tardive.

Réagir comme des professionnels de santé

Notre président a décidé de se lancer dans une « guerre » contre un ennemi qui s’infiltre de manière très insidieuse. Dans ce contexte, j’ai pu voir le manque de courage de certains œuvrant dans le domaine de la santé et qui, comme certaines administrations (la Poste notamment), trouvent des prétextes pour rester chez eux.

Oui, nous sommes exposés comme tout professionnel de santé à un risque majoré. Mais nous avons accepté de devenir des médecins au service de nos concitoyens, et nous n’avons pas à nous défausser.

Dans ce contexte, il est fondamental que nous soyons comme le capitaine d’un navire, responsables de nos ouailles, et ce même en pleine tempête. Lorsqu’on parle de guerre, nous devons avoir en souvenir les affresdes première et seconde guerre mondiale qui ont conduit de nombreux jeunes (la plupart n’avaient pas 30 ans) à affronter un ennemi belliqueux.Tous savaient que leur chance de survie était très mince. Prenons exemple sur eux, et restons fiers d’être des professionnels de santé responsables, et non des individualistes ! C’est de cette manière que nous pourrons avoir la tête haute ; pas seulement à la suite de quelques bruits de casseroles à 20 heures.

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin