Aux États-Unis, pas de progrès sur le front de la santé et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH

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Publié le 23/08/2023
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Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

La qualité de vie des personnes vivant avec le VIH ne s'améliore pas aux États-Unis, et recule même selon certains critères, constatent les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention ou CDC) dans un rapport annuel publié ce mardi 22 septembre.

Ainsi, en 2021, seulement 69 % des personnes vivant avec le VIH se considèrent comme étant en bonne santé, contre 72 % en 2018. En matière de santé mentale, 28 % des patients disent avoir des besoins non satisfaits en 2021 contre 24 % en 2017. Dans le même temps, le taux de chômage des personnes vivant avec le VIH est resté très élevé : environ 15 % alors que la moyenne nationale était entre 3,5 et 5,5 % dans la population générale.

Les CDC notent toutefois des progrès en matière de grande pauvreté, puisque le taux de patients mal logés ou sans domicile fixe a diminué, passant de 21 à 16 % entre 2018 et 2021. Ces chiffres sont encore loin de ceux que s'était fixé l'Institut national américain des allergies et maladies infectieuses pour 2025.

Ce rapport est publié au moment où les programmes de lutte et de prévention de l'épidémie de VIH rencontrent de nouveaux obstacles aux États-Unis. « En dépit de la baisse encourageante du nombre de nouvelles infections (-8 % entre 2017 et 2021), les disparités régionales, ethniques et raciales restent importantes, et sont même en train de s'aggraver », estiment les Dr Valeria Cantos, Colleen Kelley et Carlos del Rio, de l'école universitaire de médecine Emory, à Atlanta, dans un éditorial présentant les nouvelles recommandations américaines en matière de prophylaxie pré-exposition (PrEP).

Les minorités très exposées et peu couvertes

Les minorités ethniques et sexuelles vivant dans le sud des États-Unis « portent le fardeau le plus lourd en matière de nouveaux diagnostics et ont le moins accès à la PrEP », estiment les trois experts qui attribuent cette situation à la stigmatisation exercée envers ces différentes populations, au racisme systémique et à l'homophobie. En outre, l'extension de la couverture santé américaine et le financement de programmes de prévention sont de plus en plus attaqués dans les États conservateurs américains.

Ainsi, en 2023, une organisation religieuse du Texas (Braidwood Management Inc) a obtenu d'un juge fédéral l'arrêt du financement public d'un programme de PrEP. Le juge a estimé que l'atteinte aux croyances religieuses que représentait ce programme le rendait inconstitutionnel et a donc suspendu son financement par des fonds fédéraux. Le gouvernement américain a fait appel de la décision, mais en attendant un nouveau jugement, les populations à risque du Texas, dont beaucoup de Latino-Américains, sont privées d'un moyen de prévention qui a fait ses preuves.


Source : lequotidiendumedecin.fr