PROBLÈME ÉMERGENT de santé, les infections à bactéries multirésistantes (BMR) deviennent une préoccupation sanitaire internationale. Les voyageurs et les migrants sont les premiers concernés.
Les voyageurs sont exposés au risque de BMR lorsqu’ils sont hospitalisés à l’étranger. Le risque d’hospitalisation est de l’ordre de 1 % des voyageurs par mois de voyage alors que le risque d’évacuation sanitaire pour problème de santé est de l’ordre de 1 pour 1 000 voyageurs par mois de séjour dans les pays en développement. Les principales causes d’hospitalisation sont les accidents de la voie publique survenus au cours du voyage. Parmi 504 cas d’évacuation sanitaire en Allemagne, les causes traumatiques, qui touchent avant tout les moins de 50 ans, étaient la principale cause de rapatriement (25 % des évacuations), suivies par les pathologies cardiovasculaires, accident vasculaire cérébral (14 %) et infarctus (8 %). C’est durant cette période d’hospitalisation avant évacuation sanitaire, d’une durée moyenne de 7 jours (4-13 jours) que le risque d’acquisition de BMR est le plus important.
Depuis une dizaine d’années de nombreux cas d’importation et de circulation de BMR ont été rapportés dans de nombreux pays. À titre d’exemple des cas de patients infectés par des souches d’entérobactéries (K. pneumoniae et E. coli) présentant une résistance aux carbapénèmes par l’action de la New Delhi Metallo betalactamase-1 (NDM-1) ont été récemment rapportées et isolées en Grande-Bretagne chez des voyageurs au retour des Indes et du Pakistan. Ceux-ci avaient été hospitalisés et opérés pour accident ou raison médicale dans des hôpitaux locaux. Ou plus récemment encore, ces cas de rapatriements sanitaires d’Algérie ou de Turquie de patients lourdement traumatisés et infectés à Acinetobacter baumanii résistant aux carbapénèmes hospitalisés à Paris.
Une étude sur les voyageurs hollandais.
Ces bactéries peuvent être acquises par le voyageur et importées dans le pays d’origine de celui-ci lors de son retour. Une étude effectuée sur 1 167 voyageurs Hollandais ayant été rapatriés d’hôpitaux étrangers en Hollande avait montré que 18 % d’entre eux étaient porteurs de BMR. De plus, le taux de portage de BMR était plus important chez les voyageurs hospitalisés que celui des patients n’ayant pas quitté la Hollande.
Bien que ces infections par germes multirésistants ne semblent pas entraîner une surmortalité directe, elles ont un impact sur la durée d’hospitalisation. Au cours des infections nosocomiales à bactéries Gram négatif multirésistantes, l’augmentation de la durée de séjour attribuable est de 23,8 % supérieure à celle des infections à germes sensibles. De plus cette durée d’hospitalisation augmentée est un facteur de risque de contracter d’autres infections nosocomiales. Il est donc nécessaire que les médecins soient prévenus du risque d’importation de bactéries multirésistantes au retour des voyages internationaux. De même, en cas de transfert médical ou d’hospitalisation survenant rapidement après le retour, une attention particulière devra être portée aux mesures d’isolement et d’hygiène associée à une recherche systématique par écouvillonnage du portage de ces BMR pour éviter les transmissions croisées.
D’après les communications de S. Jauréguiberry et C. Hussenet (groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris).
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