Comment le virus de la grippe aviaire se transmet à l’homme

Publié le 03/05/2013
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Des scientifiques ont pour la première fois combiné du matériel génétique d’un virus Influenza aviaire avec celui d’un virus Influenza humain, et montré que les souches obtenues peuvent se répandre chez les mammifères et les contaminer. L’étude de Yin Zhang et coll. (Université de Lanzhou) « renseigne sur la manière dont les virus aviaires produits par des réassortiments pourraient acquérir les caractéristiques requises pour se propager chez l’être humain ».

Rupture de la barrière d’espèce

Les mélanges génétiques ou réassortiments de deux virus grippaux différents sont historiquement à l’origine des grandes pandémies. Jusqu’ici, les scientifiques ignoraient si des formes hautement pathogènes de virus aviaire H5N1 peuvent se combiner à des virus humains très transmissibles, pour donner une nouvelle forme à la fois pathogène et transmissible. Si encore aucun réassortiment n’a été mis en évidence, on connaît des indices dans plusieurs régions du monde : le H5N1 aviaire peut infecter des porcs ; et on sait que H1N1 de la pandémie de 2009 provenait du porc.

Ying Zhang et coll. apportent la preuve que les virus H5N1, qui se répandent par voie aérienne entre mammifères, peuvent être issus de réassortiments. Ils ont procédé à un réassortiment expérimental, en prenant un sous-type de H5N1 isolé de canards, et un H1N1 humain de 2009. Ils ont créé 127 réassortiments entre les deux.

Ils montrent que ces souches conservent la capacité de liaison du virus aviaire. Ils trouvent aussi que certains des réassortiments sont transmissibles par les gouttelettes aériennes au cobaye (un modèle pour la transmission humaine), « un préalable pour une pandémie ».

Maintenant, les études doivent être reprises avec le modèle du furet, plus proche de l’humain (car les cobayes ont des récepteurs ressemblant à la fois à ceux des humains et des oiseaux dans les voies respiratoires). Les études avec le furet avaient été interrompues par un moratoire d’un an.

D’autres chercheurs (Wei Zang, Université de Pékin) montrent, à l’aide de la cristallographie aux rayons X, un changement structural de la protéine de surface de H5N1, au moment où elle acquiert une affinité pour les récepteurs des voies respiratoires humaines : les atomes prennent une orientation différente.

Science, en ligne le 2 mai 2013.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr