Complications neurologiques liées au Covid : un risque accru de décès mis en évidence dans une grande cohorte internationale

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Publié le 11/05/2021
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Crédit photo : Phanie

Une équipe internationale* s'est attelée à déterminer l’incidence et le type des manifestations neurologiques liés au Covid-19 au sein de cohortes de patients hospitalisés. Les résultats préliminaires de leur étude, parue dans le « JAMA Network Open », montrent que ces complications sont fréquentes chez les patients Covid hospitalisés (une personne sur deux) et sont associées à une mortalité accrue par rapport aux patients n'ayant pas développé ce type de troubles.

« Cette étude fournit la première estimation mondiale de l’incidence des troubles neurologiques observés chez les patients hospitalisés atteints de Covid-19 », indique au « Quotidien » Sherry Chou, première auteure de l'étude. Pour elle, ces résultats doivent inciter « la communauté médicale à devenir plus vigilante et à surveiller les troubles neurologiques chez les patients Covid hospitalisés afin de pouvoir les détecter et les diagnostiquer le plus tôt possible ».

La moitié des patients ont développé une encéphalopathie aiguë

Trois cohortes ont été incluses dans l'analyse, intégrant au total les données de 3 744 individus ayant eu un diagnostic confirmé de Covid (cliniquement ou en laboratoire) et provenant de 28 centres de 13 pays (de tous les continents sauf l'Antarctique) : « GCS-NeuroCOVID all Covid-19 » (n = 3 055) comprend des patients hospitalisés Covid avec ou sans manifestation neurologique, la « GCS-NeuroCOVID Covid-19 neurological cohort » (n = 475) des patients hospitalisés Covid avec des manifestations neurologiques confirmées et ENERGY (n = 214) des patients Covid ayant eu une consultation de neurologie.

Concernant les syndromes évalués médicalement, l’encéphalopathie aiguë (49 %) était de loin la plus fréquente, devant le coma (17 %) et l'accident vasculaire cérébral (6 %). Les syndromes neurologiques les plus rares sont la méningite/encéphalite et la myélopathie. Parmi les symptômes autodéclarés, les céphalées et l'anosmie/agueusie étaient les plus courantes (respectivement 37 et 26 %).

Antécédents neurologiques : un facteur prédictif de complications

Les auteurs ont par ailleurs montré que la présence de syndromes neurologiques liés au Covid et évalués cliniquement était associée à un risque accru de décès à l’hôpital (OR ajusté = 5,99) après ajustement sur le site d’étude, l’âge, le sexe et l’origine ethnique. « En particulier, les patients atteints d’encéphalopathie aiguë sont plus de cinq fois plus susceptibles de mourir pendant une hospitalisation aiguë pour Covid que les patients non encéphalopathiques », souligne Sherry Chou.

Autre constat : la présence de troubles neurologiques préexistants, quelle que soit leur nature (migraine chronique, démence…) est corrélée à un risque accru de développer des syndromes neurologiques liés au Covid (OR ajusté = 2,23).  « Notre étude est la première et la plus grande a avoir examiné les facteurs de risque possibles et à révéler que les troubles neurologiques préexistants sont l’un des facteurs les plus importants augmentant le risque de complications neurologiques liées au Covid, avance Sherry Chou. Davantage de ressources des systèmes de santé devraient être allouées à ces patients qui sont particulièrement vulnérables ».

Ces premiers résultats sont une première étape de l'étude qui se poursuit. « Une prochaine étape importante consistera à évaluer les troubles neurologiques à plus long terme et le devenir des patients après leur sortie de l'hôpital, détaille Sherry Chou. Il est important de comprendre que les survivants du Covid peuvent continuer de souffrir d’un handicap important et de conséquences à long terme en raison de problèmes neurologiques qui se sont développés au cours de la phase aiguë de l'infection ou par la suite ».

*Le Global Consortium Study of Neurologic Dysfunction in COVID-19 (GCS-NeuroCOVID) du 1er mars au 30 septembre 2020 et l'European Academy of Neurology (EAN) Neuro-COVID Registry (ENERGY) de mars à octobre 2020.


Source : lequotidiendumedecin.fr