Coup de tonnerre dans un geste de tendresse

Publié le 24/08/2012
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Crédit photo : AFP

Nous sommes en septembre 2008 dans un hôpital d’Afrique du sud. Une fillette de 74 jours est admise dans un tableau de détresse respiratoire liée à une bronchopneumonie.

Le bébé est pâle, cyanosé. Il existe des adénopathies axillaires, une hépatomégalie et une candidose oropharyngée. Il a reçu ses vaccinations et est nourri exclusivement au sein. On isole un cytomégalovirus dans les voies respiratoires, avec une charge virale sérique du CMV de 12 600 copies/ml.

On découvre que la fillette est positive pour le VIH. Pourtant, la mère dit qu’elle a été négative pendant toute la grossesse. Négativité qui est confirmée par un test ELISA de 4e génération.

Le taux des CD4 de la fillette est de 2 189 x 106/l. On instaure un traitement antirétroviral.

Mais comment ce bébé a-t-il été contaminé par le VIH ? La mère raconte que depuis que son bébé a 6 semaines, sa propre sœur, qui a un bébé de 5 mois, lui donne le sein de temps en temps. Et l’on découvre que cette tante et son enfant sont infectés par le VIH. En reprenant des échantillons sanguins de cette tante, datant de février 2008, on se rend compte qu’elle était déjà positive pour le VIH à cette époque.

Les analyses phylogénétiques des virus est en faveur d’une transmission du VIH entre la tante et la nièce.

Lorsque la petite fille a été revue à l’hôpital en avril 2010, elle allait bien et sa charge virale était indétectable.

Syndrome rétroviral aigu

Si un syndrome rétroviral aigu est noté chez 40 à 90 % des adultes présentant une infection aiguë à VIH, il survient plus rarement chez l’enfant. « Chez notre patiente, la lymphadénopathie, l’hépatomégalie, la pneumonie et la candidose oropharyngée cadrent avec un syndrome rétroviral aigu. Le délai de présentation colle également avec la voie probable de transmission, avec un intervalle de 4 à 5 semaines après la date du premier allaitement par la tante. »

Il semble qu’en Afrique du sud, 1 % des bébés sont allaités par une autre personne que la mère. Une étude réalisée dans le Free State Province montre que l’allaitement partagé avec une nourrice est le plus important facteur associé à la transmission du VIH dans les couples mère-enfant discordants.

Dominique Goedhals et coll. The Lancet, 18 août 2012, p. 702.

 Dr E. DE V.

Source : lequotidiendumedecin.fr