Courrier des lecteurs

Covid-19 : et si on essayait les anti-coagulants ?

Publié le 07/04/2020

Dans les années 1960-1964, M. le Pr René Saric, à l’Hôpital Saint-André, à Bordeaux, avait eu une intuition lumineuse : donner de l'héparine et/ou du thromexane, à trois malades âgés qui étaient en train de mourir des complications d'une grippe, malgré les antibiotiques, les tonicardiaques et les déplétifs circulatoires. En quelques jours ou quelques semaines, ils émergèrent tous les trois d’une mort certaine.

Mon maître, chez qui je fus externe des Hôpitaux durant deux ans, me confia la rédaction d’une thèse de doctorat en médecine pour relater ces trois observations*.

Aujourd’hui, en me documentant sur l’anatomo-pathologie des thromboses, je suis étonné, que personne ne soupçonne que la violente inflammation due à l’infection virale, qui assaille les tissus pulmonaires, des bronches jusqu’aux alvéoles pulmonaires, ne soit génératrice de phénomènes thrombotiques locaux, disséminés et extensifs.

Leur aspect évolutif est parfois hyper agressif on le nomme aujourd’hui « choc septique ». On l’interprète comme une hyper réaction du système immunitaire, chez les sujets jeunes qui ont des capacités réactionnelles de ce système extrêmement vives (ils font penser aux blessés de guerre du Pr Henri Laborit). Pour les sujets âgés, plus ou moins porteurs de comorbidités entretenues par des facteurs aggravants – tabagisme, alcoolisme, etc.- les moins résistants commenceraient par une défaillance du cœur droit, comme la clinique peut y faire penser ; chez tous, le tableau clinique final est toujours une « défaillance poly viscérale ».

En conclusion : peut-on encore aujourd’hui essayer les anticoagulants dans ces formes évolutives impitoyables de pneumonie, comme en 1960 ? Y a-t-il des raisons sérieusement documentées pour s’opposer à ces tentatives thérapeutiques de la dernière chance ?

Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.

* « Des pneumopathies aigues fébriles curables par les anticoagulants, et des problèmes qu’elles posent en médecine générale ».

Dr Gérard Berdoulat Médecin généraliste

Source : Le Quotidien du médecin