Covid en Inde : près de 15 000 cas de mucormycose, l'infection à « champignon noir »

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Publié le 09/06/2021
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Crédit photo : AFP

En Inde, la seconde vague de Covid s'est accompagnée d'une incidence en forte hausse des cas de mucormycose, cette infection dite à « champignon noir » due à des moisissures à Mucormycetes. Selon une correspondance publiée dans le « Lancet Respiratory Medicine », près de 14 900 cas ont été recensés fin mai dans le pays.

À lui seul, l'État de Gujarat compte un quart des cas (3 726 cas au 28 mai), rapportent Akshay Raut du St George's Hospital de Bombay et Nguyen Tien Huy de la faculté de médecine tropicale de Nagasaki. Viennent ensuite le Maharashtra puis d'autres tels que le Rajasthan, Andrha Pradesh, Karnataka, Haryana, Madhya Pradesh, Uttarakhand et Dehli.

Après un pic de contamination quotidienne à 400 000 cas de Covid le 7 mai, l'épidémie décroît doucement depuis. Mais l'Inde contribue environ pour 45 % des nouveaux cas dans le monde et compte pour près d'un tiers des décès. L'Inde concentrerait aussi plus de 70 % des cas de mucormycoses dans le monde. La mucormycose touche les sinus, le nez, les pommettes, globalement la partie médiane du visage, mobilisant spécialistes ORL et autres chirurgiens.

Corticostéroïdes mais aussi hygiène défectueuse

Chez les patients infectés par le SARS-CoV-2, les principales causes attribuées à l'apparition de mucormycose sont le diabète non contrôlé, l'utilisation excessive de corticostéroïdes à l'origine d'une immunosuppression et de longs séjours en soins intensifs. « L'utilisation sans discrimination de stéroïdes pour soigner les patients du Covid-19 devrait être évitée », avait déclaré le ministre de la Santé de l'État du Maharashtra, qui comptabilisait près d'une centaine de décès liés aux mucormycoses fin mai. Mais d'autres médecins pointent les conditions d'hygiène défaillantes dans certains hôpitaux lors de la mise sous oxygène de certains patients.

En l'absence de traitement adéquat, la mucormycose peut être mortelle. Environ 0,1 million de flacons d'amphotéricine B ont été distribués dans les États affectés au plus fort de l'épidémie, pendant la première quinzaine de mai. Afin d'assurer un approvisionnement suffisant, l'Inde cherche à augmenter la production nationale mais aussi à favoriser les importations. Pour les auteurs, « le ministère (de la Santé) a aussi besoin de renforcer la surveillance et l'analyse de la situation (...) et de s'engager dans des mesures essentielles » afin d'empêcher une hausse supplémentaire de cas et de la mortalité.


Source : lequotidiendumedecin.fr