Covid : en première ligne, les immunodéprimés s'inquiètent d'une baisse générale de la vigilance

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Publié le 18/03/2024
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Une étude réalisée par Ipsos pour un collectif d’associations et les laboratoires AstraZeneca révèle un défaut d’information du public vis-à-vis des risques du Covid pour les immunodéprimés et une baisse générale de la vigilance face à ce virus qui les met en danger.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Face à la menace persistance du Covid, les personnes sévèrement immunodéprimées se trouvent dans une situation particulièrement préoccupante, exacerbée par le manque de sensibilisation et de compréhension de la part du grand public. C’est ce que met en évidence une étude réalisée par Ipsos pour les laboratoires Astra Zeneca, auprès de 588 patients immunodéprimés de 18 ans et plus et 1 500 personnes représentatives de la population française âgée de plus de 18 ans.

Malgré un sentiment de sécurité, la circulation du Covid-19 reste élevée. On compte en effet 47 632 hospitalisations pour infection à Sars-CoV-2 après un passage aux urgences en 2023. Et malgré la vaccination, les patients immunodéprimés représentent 25 % des hospitalisations, décès, et admissions en soins intensifs pour Covid-19.

L’efficacité vaccinale est réduite chez ces patients immunodéprimés : 45 % d’entre eux ne sont pas protégés après une dose de rappel. Et parmi les immunodéprimés, le risque d’hospitalisation n’est pas le même dans certains sous-groupes de patients en fonction de l’immunodéficience. Si dans la population générale vaccinée, on compte 2, 4 hospitalisations pour 1 000 personnes par an, ce chiffre passe à 29,8 pour les sujets ayant eu une transplantation d’organe solide il y a moins de 5 ans ; à 23,9 pour les patients en insuffisance rénale chronique terminale ; à 21,4 pour les immunodéficiences secondaires sous traitement actif ; et à 18,4 pour les hémopathies malignes de moins de 5 ans.

Un sentiment de mise en danger

Autre constat : face au Covid, les Français semblent avoir baissé la garde, au détriment des patients immunodéprimés. Ainsi 51 % des Français pensent qu’il est devenu une pathologie bénigne, 73 % des immunodéprimés n’étant pas d’accord. Et 50 % des personnes immunodéprimées sont inquiètes du risque de contracter le Covid-19, alors que 71 % ne sont pas inquiets en population générale. Cela s’explique par le fait que les complications sont plus fréquentes chez les immunodéprimés, de l’ordre de 30 %, que ce soit un Covid long ou une hospitalisation.

Alors que les Français sont de moins en moins convaincus de la nécessité de porter un masque dans les lieux clos, les patients immunodéprimés souhaitent que leurs proches adoptent à leur égard des gestes barrières (67 %), mais près de la moitié (49 %) a du mal à le demander. Cela engendre chez ces personnes une grande inquiétude, puisque 68 % se sentent en danger. Elles se plaignent aussi d’un manque de reconnaissance des dangers qu’elles encourent face au Covid-19, en tant que population à risque.

Double peine

Les personnes immunodéprimées se sentent aussi discriminées et victimes d’une double peine : elles sont en effet les seules à continuer à porter le masque, par crainte de la maladie, avec comme effet de voir s’éloigner les autres (prise de distance partagée par la moitié des Français).

Les patients immunodéprimés se disent à 50% angoissés et pessimistes sur leur capacité à retrouver la vie d’avant, tandis que l’autre moitié reste optimiste et sereine. Mais deux personnes sur trois déclarent que la peur de contracter le Covid pèse au quotidien. Ces patients ont donc des attentes fortes, en particulier une meilleure prise en compte de leur situation par l’ensemble des Français. Face aux enjeux de la lutte contre le Covid-19, ils plébiscitent la recherche et l’accès plus rapide aux traitements ainsi que le port du masque obligatoire dans les lieux clos et les établissements de soins.

Conférence de presse AstraZeneca, 6 mars 2024


Source : lequotidiendumedecin.fr