Covid long : une feuille de route, dotée de 20 millions, pour structurer l’offre de soins

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Publié le 17/03/2022

Crédit photo : S. Toubon

Afin de structurer l’offre de soins, former les professionnels de premier recours et assurer des parcours de soins « sans errance », le ministère de la Santé lance ce 17 mars une feuille de route sur le Covid long, un syndrome encore mal connu, mais invalidant dans les cas les plus sévères.

Des patients ont « encore du mal à trouver une prise en charge », a témoigné lors d’un point presse Pauline Oustric, présidente de l’association de patients Après J20, rappelant que le Covid long, une « réalité scientifiquement reconnue » selon elle, répond à trois caractéristiques : c’est un syndrome « multisystémique », « fluctuant » et « invalidant », a-t-elle décrit.

Selon les estimations disponibles, 25 % des personnes infectées par le Sars-CoV-2 souffrent de troubles au-delà d’un mois (symptômes prolongés) et 10 % au-delà de 3 mois (Covid long). Il est par ailleurs estimé que 1 % des personnes qui ont eu le Covid-19 vont être affectées par une forme grave de Covid long.

L’évolution de l’épidémie pourrait néanmoins changer la donne à plus long terme. Omicron semble en effet provoquer moins de symptômes prolongés que les variants précédents, explique le ministère, et de premières données montrent que la vaccination permettrait aussi de reduire le risque d’une forme longue du Covid de « 50 à 70 % », poursuit-il.

Déjà 4 000 patients en ALD « hors liste »

En France, 700 000 personnes seraient concernées par une forme de Covid long, dont 70 000 nécessitant une prise en charge spécialisée, indique le cabinet d’Olivier Véran. Selon le ministère, Santé publique France devrait présenter « en avril » des estimations affinées. Quelque 600 patients bénéficient déjà d’une prise en charge pour un Covid long « complexe ». Et, 4 000 personnes sont en ALD « hors liste », car elles répondent à des critères cumulatifs de durée, de gravité et de coût du traitement de la maladie, poursuit le ministère.

Chez les enfants et les adolescents, la littérature fait état de 2 à 5 % d’enfants infectés concernés par une forme de Covid long. La Haute Autorité de santé prépare actuellement une fiche pour guider leur prise en charge. Le ministère de la santé va également collaborer avec l’Éducation nationale pour améliorer la détection des cas et éviter la confusion diagnostique possible avec des troubles anxiodépressifs.

Dans ce contexte, la feuille de route vise à accorder l’offre de soins aux besoins de ces patients. Il s’agit d’abord de structurer l’offre de soins avec une prise en charge organisée entre les généralistes, « au centre du dispositif », et des « structures de 2e et 3e ligne » chargée d'affiner le diagnostic (explorations fonctionnelles) et de mettre en place des soins spécialisés dans des centres dédiés.

L’enjeu porte notamment sur l’homogénéisation des pratiques sur l'ensemble du territoire, charge qui revient aux agences régionales de santé (ARS). Ces dernières devront également faciliter l’orientation des patients vers les parcours de soins adaptés, en lien notamment avec les 130 cellules de coordination réparties sur le territoire.

Une enveloppe de 20 millions d’euros sur 3 ans

La feuille de route cible aussi la formation des soignants, et notamment des généralistes, à l'heure où les fiches pratiques de la HAS, récemment mises à jour, « ne sont pas encore connues de tous les professionnels de premier recours », observe-t-on au ministère, qui a sollicité le Collège de médecine générale pour le développement d’outils pratiques.

Pour l’heure, cette feuille de route est dotée d’une enveloppe de 20 millions d’euros sur 3 ans : elle sera « flexible » selon les besoins régionaux et pourra « être amplifiée », est-il précisé. En parallèle l’effort en faveur de la recherche, coordonnée par l’ANRS-MIE, sera renforcé. Alors que 10 millions d’euros ont déjà été affectés à des projets de recherche sur le sujet, un nouvel appel à projets, doté de 10 millions supplémentaires, devrait être lancé en avril prochain.


Source : lequotidiendumedecin.fr