Courrier des lecteurs

Déconfinement : réhabiliter les sanatoriums et les vertugadins ?

Publié le 05/05/2020

À plus d’un mois du confinement général décidé dans l’urgence, et sans doute avec raison, devant l’arrivée en France de la pandémie Covid-19, le gouvernement a annoncé la deuxième phase de la lutte en substituant à notre assignation généralisée à domicile un plan d’isolement circonscrit aux infectés et sujets contacts, ainsi cantonnés à l’hôpital, à leur domicile ou dans des lieux dédiés comme des hôtels réquisitionnés (rentabilisant au passage ces établissements).

En somme on reprend le principe des sanatoriums, léproseries et autres lazarets, qui dans l’histoire confinaient les malades pour protéger le reste des populations. Variante « portable », la clochette des lépreux qui permettait de s’écarter de leur passage… L’actualité rappelle évidemment Albert Camus quand il imaginait le blocus de la ville d’Oran lors d’une épidémie de peste, pour épargner le reste de l’Algérie (encore Française à l’époque). Bonne idée donc que de desserrer un peu les mesures d’enfermement, invivables plus de quelques semaines… et certains pays comme la Corée l’ont adoptée d’emblée.

Aurait-on pu y penser plus tôt ? Facile à dire a posteriori. En tout cas, c’est sûrement une bonne formule, d’autant plus que ces confinements ciblés ne devraient pas durer plus de 3 à 4 semaines, ce qui n’est rien au regard des mois ou années passés par les tuberculeux dans les sanatoriums, et sera beaucoup moins onéreux pour la collectivité.

À côté de cette disposition, seules les activités scolaires vont pouvoir reprendre moyennant aménagements (?). Mais quid de la liberté d’aller et venir, de voyager ne serait-ce qu’à l’intérieur de nos frontières… S’il est facile d’admettre que certaines habitudes de forte proximité (compétitions sportives, coiffure, chirurgie dentaire…) sont un risque de contamination, on comprend moins bien le danger représenté par l’hôtellerie par exemple : sauf exception, on fréquente un hôtel seul ou en couple sans rencontrer grand monde, et il ne paraît pas bien compliqué d’intégrer au ménage des chambres une désinfection des zones de contact (poignées, interrupteurs, etc.) Les seniors, qu’on renonce en fin de compte à maintenir cloîtrés, (heureusement car j’en connais qui étaient prêts à prendre le maquis) sont d’ailleurs une clientèle solvable qui pourrait faire rapidement redémarrer ce secteur de l’économie.

Les gestes barrières (lavages répétés des mains, gels hydroalcooliques, masques…) resteront en vigueur et cela pose peu de problèmes. On peut se passer des poignées de main et de se faire la bise (ce qui résoudra au passage la question des coutumes régionales 2 ici, 3 là, 4 ailleurs etc.), et on peut inventer de nouvelles manières de se saluer. Quant à la distanciation pourquoi ne pas remettre à la mode crinolines et vertugadins, pourvu que leur rayon soit d’au moins 1 mètre bien entendu ?

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Dr Bernard Dauptain, Médecin généraliste, Bénague (09)

Source : Le Quotidien du médecin