Les dernières estimations d’incidence des cancers en France (1) situent trois cancers digestifs parmi les dix les plus fréquents : au 3e rang, le cancer colorectal — près de 45 000 nouveaux cas par an —, au 8e le cancer du pancréas — plus de 14 000 nouveaux cas par an —, et au 10e le cancer du foie — près de 11 000 nouveaux cas par an (figure 1).
De bons résultats dans les cancers du côlon
Les cancers colorectaux représentent un peu plus de 11 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers. L’âge médian au diagnostic est de 71 ans pour les hommes et de 75 ans pour les femmes. Les taux d’incidence standardisés sur l’âge sont stables dans le temps, avec une très légère diminution annuelle de 0,3 % par an de 2005 à 2009. Malgré cette stabilisation du taux d’incidence à 40 cas pour 100 000 habitants par an, il existe une augmentation du nombre de cas liée au vieillissement de la population. Le ratio hommes/femmes reste de 1,5.
Avec près de 18 000 décès par an en 2017, le cancer colorectal est la deuxième cause de décès par cancer en France : 12 % d’entre eux lui sont imputables (figure 2). De 2005 à 2012, le taux de mortalité a diminué de 1,5 % par an en moyenne chez les hommes et de 1,1 % chez les femmes.
La survie nette (survie qu’on observerait si le cancer était la seule cause de mortalité) est de 63 % à 5 ans et de 52 % à 10 ans, sans différence significative entre les sexes. Pour les cancers du côlon, la France se situe parmi les pays ayant les meilleurs résultats en Europe, ainsi que par rapport à l’Amérique du nord (2). Pour les cancers du rectum, les résultats français sont moins bons. La réorganisation de nouvelles filières de soins pour les cancers complexes par l’INCa devrait permettre d’améliorer cet état de fait.
Le dépistage de masse du cancer colorectal par recherche de saignement occulte dans les selles devrait permettre de diminuer à la fois la mortalité et, à plus long terme, l’incidence des cancers colorectaux. L’efficacité de ce programme est conditionnée par le taux de participation des populations concernées (hommes et femmes de 50 à 74 ans), qui doit être au minimum de 45 %. Or, il est en France de 33,5 %, ce qui, même s’il progresse, reste insuffisant. Des mesures d’amélioration du dépistage de masse sont en cours : réintroduction de la relance avec envoi du test, possibilité de remise des tests par les hépato-gastroentérologues et différentes structures sanitaires, expérimentation de la remise des tests par les pharmaciens, etc.
Une augmentaton continue de l'incidence des cancers du pancréas
Les cancers du pancréas représentent un peu plus de 3 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers. Ils touchent des sujets âgés : l’âge médian au diagnostic est de 69 ans pour les hommes et 73 ans pour les femmes. Leur incidence augmente de façon importante depuis les années 1980, de 2,3 % chez les hommes et de 3,6 % chez les femmes par an en moyenne, ce que le seul vieillissement de la population française ne permet pas d’expliquer. Les principaux facteurs de risque reconnus sont la surcharge pondérale, le diabète, l’alcool et le tabac (3).
C’est en France le cancer le plus létal, avec une survie nette à 5 ans de 9 % pour les hommes et de 10 % pour les femmes, qui évolue peu depuis les années 1980 (4, 5). Un programme d’actions intégrées de recherche (PAIR) sur le cancer pancréatique, financé par l’INCa, la fondation ARC et la Ligue contre le cancer, a donc été lancé en 2017.
Un nombre croissant de cancers du foie
Le cancer du foie présente une nette prédominance masculine (79 %), et reste un cancer des sujets âgés, avec là aussi un âge médian au diagnostic de 69 ans pour les hommes et 73 ans pour les femmes. Son incidence augmente de façon constante depuis les années 1980, de 3,2 % chez les hommes et de 3,5 % chez les femmes par an en moyenne (6).
Dans 90 % des cas, il se développe sur une maladie chronique du foie sous-jacente, généralement au stade de cirrhose. Les principaux facteurs de risque en sont la consommation excessive d’alcool, les infections par les virus des hépatites B et C, l’hémochromatose et le syndrome métabolique.
En 2012, en France, le carcinome hépatocellulaire se situe au quatrième rang des décès par cancer chez les hommes, et au huitième rang chez les femmes. La mortalité reste élevée, mais diminue depuis le début des années 2000, conséquence probable d’un meilleur diagnostic et d’une prise en charge plus précoce et plus souvent curative des lésions de petite taille. La survie nette à 5 ans reste néanmoins très basse, à 15 %.
Inserm U1231 Epicad, CHU de Dijon
(1) Jéhannin-Ligier K. et al.
Projection de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine en 2017. Rapport technique. Santé publique France, 2017. 80 p.http://invs.santepubliquefrance.fr/pmb/invs/%28id%29/PMB_13638
(2) Allemani C et al. Lancet. 2018 Mar 17;391(10125):1023-1075
(3) Maisonneuve P, Lowenfels AB. Int J Epidemiol. 2015 Feb;44(1):186-98
(4) Bouvier AM et al. Int J Epidemiol. 2017 Dec 1;46(6):1764-1772
(5) Jooste V et al. Int J Cancer. 2016 Sep 1;139(5):1073-80
(6) Cowppli-Bony A et al. Eur J Cancer Prev. 2017 Nov;26(6):461-468
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