Hausse des contaminations : l'INSERM dévoile ses projections pour l'été, quatre scénarios envisagés

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Publié le 16/07/2021
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Crédit photo : Phanie

Les derniers chiffres de Santé publique France (SPF) sur l'épidémie de Covid-19, publiés ce 16 juillet, confirment la progression du variant Delta sur le territoire et la hausse des contaminations, observées en semaine 26 (du 28 juin au 4 juillet), lors de laquelle, après des semaines de baisse, le taux d’incidence repartait à la hausse.

En semaine 27 (du 5 au 11 juillet), le taux d'incidence s'établit à 40 nouveaux cas pour 100 000 habitants (contre 24/100 000 la semaine précédente, soit + 62 %). Les contaminations hebdomadaires atteignent ainsi 27 044 en semaine 27 (contre 16 669 en semaine 26).

Selon le ministre de la Santé, Olivier Véran, en visite le 15 juillet au vaccinodrome de Chambéry, 96 % des nouveaux cas symptomatiques de la semaine dernière concernaient des personnes non vaccinées. Presque tous ont été infectés par le variant Delta, a-t-il ajouté, assurant que « lorsque vous êtes vaccinés, vous avez donc au moins quatre fois moins de risques d’attraper le Covid ».

Une hausse des cas associée à la progression du variant Delta

Cette reprise épidémique associée à la progression du variant Delta s’observe dans de nombreux pays européens. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) prévoit ainsi une progression du taux d’incidence qui atteindrait plus de 420 nouveaux cas pour 100 000 habitants fin juillet et plus de 620/100 000 début août.

En France, cette reprise des contaminations ne se traduit pas encore en termes de hausse des hospitalisations. Mais la décrue amorcée fin avril tend à ralentir. « La diminution des déclarations de nouvelles hospitalisations (783, -2 %) et admissions en services de soins critiques (154, -11 %) était moins marquée cette semaine, avec une stabilisation chez les moins de 65 ans », indique SPF.

Reste à savoir si la circulation virale observée actuellement peut entraîner un nouveau pic d’hospitalisations et une saturation des hôpitaux. Une nouvelle modélisation du laboratoire EPIcx de l’INSERM explore justement plusieurs scénarios épidémiques possibles pour l’été. Réalisé avant les annonces d’Emmanuel Macron le 12 juillet, ce travail analyse 4 scénarios de vaccination pour la période estivale. Un scénario d’interruption de la vaccination (jugée peu réaliste), un autre où le rythme de la vaccination ralentirait, un troisième où il serait constant et un dernier où il progresserait au cours de l’été (augmentation linéaire de 10 % des vaccinations en une semaine).

Dans l'hypothèse d’un taux de reproduction (R effectif) à 1,3 (similaire à l’été dernier) et d’un variant Delta 60 % plus contagieux que le variant Alpha, les admissions hospitalières hebdomadaires ne franchiraient pas le seuil de 2000, quel que soit le scénario vaccinal envisagé.

Mais, en cas de transmissibilité accrue de 120 % et si la vaccination s’interrompt ou ralentit, « une résurgence rapide des cas entraînant une augmentation importante des hospitalisations est attendue au cours de l'été ». Un scénario similaire mais décalé dans le temps se dégage en cas de stagnation de la vaccination. En revanche, l’impact sur le système de santé serait plus faible que lors de la 3e vague si la vaccination progressait linéairement durant l'été.

Une situation gérable si la vaccination progresse

Avec un même niveau de transmissibilité (+ 120 % par rapport à Alpha) et dans le cas d’un R effectif à 1,5 (observé en semaine 27 par SPF), tous les scénarios aboutissent à une hausse rapide des hospitalisations. « Un nouvel assouplissement dans l'adoption des protocoles sanitaires et des comportements préventifs ne serait pas gérable », est-il souligné.

Une transmissibilité plus faible (+ 60 % par rapport à Alpha) « conduirait à des scénarios épidémiques plus doux ». Avec un R effectif à 1,5 et une campagne de vaccination constante ou accélérée (scénarios 3 et 4), les admissions hospitalières hebdomadaires ne dépasseraient pas les 2 000.

Pour l'épidémiologiste de SPF, Daniel Lévy-Bruhl, il existe, face aux scénarios les plus pessimistes, une « marge de manœuvre » en termes de mesures individuelles de prévention. « C'est la tendance qui nous inquiète, pas les niveaux actuels [des indicateurs, N.D.L.R.]. Si chacun est raisonnable, le pire n'est pas certain », a-t-il estimé lors d'un point presse ce 16 juillet.


Source : lequotidiendumedecin.fr