La campagne annuelle de vaccination contre la grippe s'ouvre ce 17 octobre, avec comme principale nouveauté pour cette saison, une ouverture aux enfants de 2 à 17 ans. Les enfants « à risque » restent particulièrement ciblés, a indiqué le Dr Dominique Martin, médecin-conseil national de la Caisse nationale d'Assurance-maladie (Cnam), lors d’un point presse conjoint à la Direction générale de la santé (DGS), à Santé publique France (SPF) et à la Cnam.
Sur recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS), les enfants vulnérables dès l'âge de 6 mois bénéficient d’un remboursement à 100 %. Pour les autres, la vaccination est possible et couverte aux deux tiers, le reste étant pris en charge par les complémentaires santé.
Professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires
À côté des populations traditionnellement ciblées - plus de 65 ans, avec comorbidités, immunodéprimés, femmes enceintes, soignants ou proches des personnes fragiles -, cette campagne vise aussi les vétérinaires et les professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires, afin d'éviter le risque de recombinaisons entre virus humains et aviaires, comme recommandé par un avis du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars).
Au total, 18 millions de personnes sont éligibles à la vaccination gratuite contre la grippe. Et, autant de courriers ont été envoyés, avec un feuillet encourageant à la vaccination contre le Covid, indique le Dr Martin : 12,3 millions de plus de 65 ans, 4 millions de malades chroniques et 70 000 libéraux ont reçu une invitation de l’Assurance-maladie, tandis que la Mutualité sociale agricole (MSA) a adressé des invitations à 985 000 personnes de plus de 65 ans et 215 000 malades chroniques. Pour ceux qui n’ont pas reçu de bon, et notamment les femmes enceintes, les personnes obèses ou l’entourage des personnes fragiles, les professionnels de santé peuvent en émettre un.
Si les campagnes anti-grippale et anti-Covid devaient démarrer simultanément, la situation épidémique sur le front du Covid a incité les autorités à un lancement deux semaines plus tôt, le 2 octobre, avec un booster adapté aux derniers variants en circulation.
Crainte d’une nouvelle triple épidémie
Après un hiver 2022-2023 marqué par une co-circulation virale (Covid, grippe et virus respiratoire syncytial) à un niveau élevé, entraînant des « pressions fortes » sur le système de santé, la double vaccination constitue une « prévention intégrée » contre les infections respiratoires aiguës (IRA) et doit être perçue comme un « bouclier de protection efficace », plaide le Dr Grégory Emery, directeur général de la santé.
L’objectif, poursuit-il, reste de « protéger les plus fragiles ». L’enjeu est donc d’augmenter la couverture vaccinale des plus de 65 ans, de maintenir le haut niveau de vaccination des résidents d’Ehpad (87 % lors de la saison précédente) et d’améliorer la vaccination des femmes enceintes et des professionnels de santé. Nous « devons progresser », a-t-il insisté.
Les autorités sanitaires veulent éviter la situation de l’hiver dernier. L’épidémie de grippe de 2022-2023 avait été particulièrement « atypique », rappelle la Dr Caroline Semaille, directrice générale de SPF. « Précoce et exceptionnellement longue » (19 semaines), elle a aussi été « bimodale » avec deux vagues liées à deux souches, a-t-elle détaillé.
Une première vague (9 semaines) liée au virus A(H3N2) a été de « forte intensité » et « marquée par un impact important chez les moins de 65 ans à l’hôpital, particulièrement chez les 15-64 ans », lit-on dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié ce 17 octobre. Elle a été suivie d'un rebond à partir de fin janvier (10 semaines), « de moindre ampleur » et majoritairement dû au virus B/Victoria. Cette seconde vague a touché principalement les moins de 15 ans et a eu un faible impact en termes de sévérité. Pour cette année, si la perspective est « difficile à anticiper », cette saison hivernale sera « probablement » caractérisée par une co-circulation des virus respiratoires, avertit la Dr Semaille.
Retrouver la dynamique des deux années post-Covid
La couverture vaccinale contre la grippe était en baisse l'an dernier par rapport aux deux premières années de pandémie, mais légèrement supérieure aux années pré-Covid dans les tranches d’âge ciblées (56,2 % chez les 65 ans en 2022-2023 versus ≤52 % sur la période 2013-2014 à 2019-2020). Il faut « retrouver la dynamique » des deux premières années post-Covid, encourage la Dr Semaille.
Pour l’heure, la campagne contre le Covid, lancée le 2 octobre, connaît un « meilleur démarrage » que celle du printemps dernier, souligne-t-elle. Après une semaine, 1,8 % des plus de 65 ans et 1,9 % des plus de 80 ans ont reçu une injection. Au total, 13,5 millions de doses seront disponibles pour la vaccination contre le Covid (Pfizer et Novavax) et 14,2 millions de doses contre la grippe, soit « 5 à 10 % de plus » que la consommation observée la saison dernière, précise le Dr Emery.
Pour booster la participation, une campagne de communication sur la vaccination contre la grippe et le Covid occupera les écrans et les ondes cet automne. D’autres campagnes sont également prévues sur les gestes barrières (en novembre) et sur le bon usage des médicaments, notamment les antibiotiques (de décembre à février).
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?