LES RÉTROVIRUS sont des virus à ARN. Ils possèdent une enzyme, la transcriptase inverse, qui permet de synthétiser à partir de l’ARN viral, de l’ADN capable de s’intégrer dans la cellule hôte. Ils utilisent ensuite les ressources de la cellule infectée pour se répliquer. Le VIH est un rétrovirus.
Certains rétrovirus sont oncogènes. Plusieurs d’entre eux responsables de pathologies animales ont été identifiés. Chez l’homme, le rétrovirus HTLV a été associé à un type de leucémie et, en 2006, un nouveau rétrovirus humain a été identifié, le XMRV, retrouvé dans de multiples cas de cancer de la prostate.
L’équipe dirigée par Thierry Heidmann (CNRS, Institut Gustave Roussy et Université Paris-Sud) a travaillé sur le processus moléculaire qui confère aux rétrovirus la capacité à persister chez le sujet infecté en échappant au système immunitaire. Ils montrent le rôle essentiel de la protéine d’enveloppe, qui détient une « arme secrète ».
Le domaine responsable de la fonction immunosuppressive.
Sur le modèle classiquement utilisé en rétrovirologie de la souris et du rétrovirus MLV (Murine Leukemia Virus), la protéine d’enveloppe exerce deux fonctions. Une fonction mécanique, induisant la fusion des particules virales avec la cellule cible, leur permettant ainsi d’y pénétrer. Et une fonction immunosuppressive, inhibant la réponse immunitaire de l’hôte ce qui permet au virus de persister. Les chercheurs montrent que l’immunosuppression est forte, avec un effet à la fois sur les réponses immunitaires innée et adaptative.
Les expériences ont permis de localiser, à un acide aminé près, le domaine responsable de la fonction immunosuppressive. Les chercheurs montrent aussi qu’en introduisant une mutation très précise dans ce domaine, la glycoprotéine d’enveloppe perd sa fonction immunosuppressive, mais conserve sa capacité à induire la fusion.
Sur le modèle murin, les chercheurs ont alors montré que le virus mutant reste capable d’infecter les cellules de la souris lorsque son système immunitaire a préalablement été inactivé. Mais si la souris est immunocompétente, le virus muté ne se propage pas et la virémie est indétectable : le système immunitaire de la souris a été capable de l’éliminer.
Les chercheurs tiennent là les bases d’un vaccin. D’autant qu’ils observent que la protéine d’enveloppe mutée, non immunosuppressive, est un très bon immunogène, induisant une réponse humorale et cellulaire de meilleure qualité que la protéine sauvage.
Ainsi, ce virus mutant, incapable d’infection productive, « vaccine » très efficacement les souris contre une épreuve avec le virus sauvage. Les expériences répétées les protéines d’enveloppe d’autres rétrovirus oncogènes animaux et humains démontrent les mêmes effets immmunosuppresseurs, qui peuvent être inhibés par des mutations ciblées.
L’équipe poursuit les recherches sur le rétrovirus MLV ainsi que sur les rétrovirus oncogènes humains HTLV et XMRV. Les domaines mutés ont une immunogénicité augmentée, ouvrant la voie au développement de vaccins « optimisés » contre ces virus.
Proc Natl Acad Sci, édition avancée en ligne.
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