Le système de surveillance épidémiologique ne sera pas en marche avant les JO, avertissent les biologistes

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Publié le 15/05/2024
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Faute d’un accord sur la question de la rémunération, le syndicat national des médecins biologiques s’inquiète de la mise en place effective de la plateforme de surveillance épidémiologique Labo-é-SI avant les Jeux olympiques, malgré la recrudescence de la dengue.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Quelle sera la qualité de la surveillance épidémiologique de la dengue lors des Jeux olympiques ? La question se pose alors que les discussions s’enrayent entre biologistes et autorités sanitaires autour de la mise en place du nouveau système de surveillance épidémiologique informatisé Labo-é-SI. Ceci, dans un contexte où la France est confrontée à une recrudescence des cas de dengue depuis le début de l’année : au 19 avril 2024, 1 679 cas de dengue importés ont été notifiés à Santé publique France (SPF), soit déjà dix fois plus que la même période en 2023. Et le vecteur de la dengue, le moustique Aedes albopictus (ou moustique tigre), est désormais implanté dans 78 départements de France hexagonale, contre 58 en 2019.

Dès 2023, les autorités sanitaires ont réfléchi à remplacer Si-dep, créé lors de la pandémie de Covid-19, par un dispositif de surveillance élargi intégrant non seulement le Covid, la grippe et le VRS mais plus largement l’ensemble des maladies respiratoires virales, infectieuses, et des arboviroses dont le virus de la dengue (selon le décret du 2 août 2023). « Une très bonne idée, visionnaire », reconnaît le Dr Michel Sala, vice-président du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB). Labo-é-SI promet alors d’être un outil complet et réactif (bien davantage que le système des déclarations obligatoires) permettant de faire remonter les résultats des tests diagnostiques (y compris lorsqu’ils sont négatifs), mais aussi des informations sur le statut vaccinal des patients, leur origine, leurs symptômes, etc., aux agences comme Santé publique France afin qu’elles puissent déclencher rapidement une réponse sanitaire en cas d’épidémie.

Quelle rémunération ?

Mais depuis le début de 2024, « nous n’avons pas de réponse quant à la rémunération de ce travail de remontée des données et métadonnées », indique le Dr Sala. Si-dep prévoyait une cotation d’un B3, soit 0,75 euro, pour le recueil, la vérification et la transmission des données sur la seule Covid-19. Mais « avec la nouvelle plateforme, cette cotation ne semble plus d’actualité alors que les données à transmettre s’amplifient », relevait déjà le syndicat dans un communiqué en février.

« Nous venons de recevoir une invitation d’une branche de la Direction générale de la santé (DGS) pour une réunion ce 17 mai sur le “déploiement massif” de Labo-é-SI. Mais il n’y a pas eu de dialogue en amont, nous n’avons jamais rencontré un représentant de l’Assurance-maladie, ni eu de précisions sur la rémunération ou la question de savoir si les éditeurs de logiciels sont prêts ! », déplore le Dr Sala. Les revendications du SNMB : garantir la même cotation pour transmettre les données à Labo-é-SI que pour Si-dep, et rompre avec une « vision si descendante de la gestion de projet », selon les mots du Dr Sala. « Quand on veut on peut, Si-dep a été mis en place en 8 semaines !  », rappelle-t-il.

« Malgré le risque croissant d’épidémie de dengue, aucun plan de déploiement crédible du Labo-é-Si n’est prévu avant l’été », regrette le Dr Jean-Claude Azoulay, président du SNMB. « Afin de maîtriser ce risque, il y a urgence, à la veille des JO, à alimenter le système Labo-é-SI dans un esprit de co-construction avec l’ensemble des informations pertinentes collectées dans les laboratoires de biologie médicale. »


Source : lequotidiendumedecin.fr