Le variant indien désormais dominant au Royaume-Uni, le risque de transmission autochtone augmente en France

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Publié le 28/05/2021

Crédit photo : PHANIE

Le variant B.1.617.2, l’un des trois sous-lignages du variant dit « indien », devient dominant au Royaume-Uni. Selon le ministre britannique de la santé, Matt Hancock, qui s’exprimait ce 27 mai, lors d’une conférence de presse à Downing Street, il représente désormais « entre la moitié et les trois quarts des nouveaux cas positifs ».

Le nombre de cas liés à B.1.617.2 a doublé dans le pays depuis la semaine dernière, passant de 3 535 cas à 6 959, selon les données publiées le 27 mai par l’agence sanitaire anglaise, Public Health England (PHE). Seuls 32 nouveaux cas ont été enregistrés pour le sous-lignage B.1.617.1 et deux pour le B.1.617.3. Les zones les plus touchées sont dans le nord-est de l’Angleterre, et notamment dans les villes de Bolton, Bedford et Blackburn. « Dans certaines zones touchées, les hospitalisations augmentent », principalement des personnes non vaccinées, indique PHE.

Pfizer et AstraZeneca efficaces à 88 % et 60 %, respectivement

Pour l’heure, les autorités britanniques ne se prononcent pas sur une éventuelle sévérité accrue associée au variant B.1.617, mais évoquent une transmissibilité plus importante que pour le variant anglais B.1.1.7. Le comité scientifique britannique avance ainsi une possible contagiosité accrue de 50 % par rapport au variant anglais. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime également que le variant B.1.617, désormais signalé dans 53 territoires, manifeste une transmissibilité accrue, sans la quantifier. Des études sont en cours pour évaluer la gravité des cas, indique l’agence onusienne.

Face à ce variant, les vaccins afficheraient une efficacité légèrement amoindrie que celle obtenue face au variant B.1.1.7. Selon une étude publiée le 22 mai par PHE, l’efficacité contre une forme symptomatique liée au variant indien serait de 88 % pour le vaccin Pfizer/BioNTech deux semaines après la deuxième dose (par rapport à 93 % face au variant anglais) et de 60 % pour le vaccin AstraZeneca (par rapport à 66 %). « Nous savons maintenant qu'obtenir les deux doses de vaccin donne un degré élevé de protection contre ce variant », assure la Dr Jenny Harries, directrice générale de l'Agence britannique de sécurité sanitaire, tout en appelant à la prudence dans un contexte de levée des mesures de restriction dans le pays.

En France, au 25 mai, « 46 épisodes impliquant au moins un cas de variant du lignage B.1.617 ont été rapportés », indique Santé publique France, dans son point épidémiologique du 27 mai. Sur ces épisodes, 36 sont liés au sous-lignage B.1.617.2. Alors que certains épisodes « sont identifiés tardivement car ils ne sont pas liés à des retours d’Inde ou de pays limitrophes », le risque de transmission autochtone de ce variant augmente, souligne SPF.

Dans une analyse de risque du 12 mai, SPF expose les connaissances acquises sur les trois sous-lignages de B.1.617, qui portent tous les mutations L452R et P681R (toutes deux soupçonnées d’augmenter la transmissibilité), la mutation E484Q n’étant observée que dans les sous-lignages B.1.617.1 et B.1.617.3. Cette dernière mutation « pourrait être associée, tout comme la substitution E484K retrouvée chez les variants préoccupants 20H/501Y.V2 [variant dit sud-africain, N.D.L.R.], 20J/501Y.V3 [brésilien, N.D.L.R.] et 20I/484K [B.1.1.7 + E484K, détecté notamment à Bordeaux, N.D.L.R.], à un impact significatif en termes d’échappement immunitaire (post-infection et post-vaccinal), bien que cela ne soit pas démontré à ce stade ».

Deux scénarios pour endiguer la progression en France

Dans un avis du 24 mai, rendu public ce 28 mai, le Conseil scientifique estime que la présence en France du variant B.1.617.2 « sous forme de clusters en nombre limité (...) rappelle la situation dans laquelle nous étions avec le variant UK dès fin décembre 2020 ». Insistant sur la nécessaire mise en place « particulièrement réactive » de la stratégie du « tracer-isoler-accompagner » dès la découverte de cas, la note expose deux scénarios de mesures « tenant compte du fait que le nombre de voyageurs en provenance du Royaume-Uni vers la France, actuellement autour de 10 000 par jour, va probablement augmenter dans les jours ou semaines qui viennent ».

Une version « stricte » consisterait en la mise en place d’une quarantaine « obligatoire pour l’ensemble des voyageurs/transporteurs comme cela vient d’être décidé par l’Allemagne ». Une version plus « pragmatique » reposerait sur la « responsabilité individuelle », accompagnée d’une « information très claire des voyageurs sur les risques possibles », des tests RT-PCR obligatoires entre 48 et 72 heures avant le voyage, un test antigénique ou autotest le jour du départ et un autre à J3 et J7 après l’arrivée en France.

Pour tenter d’endiguer la progression de ce variant sur le territoire, le gouvernement semble avoir penché pour cette version « pragmatique ». Avec l’annonce de la mise en place à partir du lundi 31 mai de mesures spécifiques pour les voyageurs ressortissants étrangers hors Union européenne non-résidents en France rejoignant la France depuis le Royaume-Uni. Des « motifs impérieux » seront exigés, ainsi qu’un isolement de 7 jours à l’arrivée en France. Toutefois, « compte tenu de la faible incidence du Covid en Grande-Bretagne, le dispositif de contrôle systématique à domicile ne leur sera pas appliqué », indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.


Source : lequotidiendumedecin.fr