Résistance aux antibiotiques

Les bactéries en passe de gagner la bataille

Publié le 02/05/2013
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Crédit photo : S TOUBON

LA RÉSISTANCE aux antibiotiquesa été au cœur des débats. Le Pr Patrice Nordman auquel il a été remis, lors DU 23e Congrès européen de microbiologie et maladies infectieuses (ECCMID), un prix de l’Excellence pour l’ensemble de ses travaux a appelé à plus d’investissement dans la recherche. La menace est réelle « d’un retour au temps où les antibiotiques n’existaient pas avec le risque d’une paralysie de la médecine moderne », a souligné l’infectiologue, microbiologiste français (Hôpital Bicêtre). En France comme aux États-Unis des voix s’élèvent pour alerter. « Pour la première fois depuis la découverte de la pénicilline par Alexander Flemming, les bactéries sont en passe de gagner la bataille de la résistance », s’inquiète la Société de pathologie infectieuse de langue Française (SPILF). Cette inquiétude, la SPILF la partage avec les infectiologues américains qui dans un article publié récemment dans « Clinical Infectious Diseases » déplorait l’échec de l’initiative 10 x ’20 lancée en 2010 par l’Infectious Diseases Society of America (IDSA) et qui consistait à soutenir le développement d’au moins 10 molécules anti-infectieuses d’ici à 2020. « En dépit de l’impérieuse nécessité d’avoir de nouveau antibiotiques pour lutter contre la résistance bactérienne, la Food And Drug Administration (FDA) n’a autorisé qu’une seule molécule... et c’était il y a deux ans et demi ». Et seulement 7 nouvelles molécules sont en cours de développement contre les bactéries gram négatif multirésistantes, notent encore les experts américains. « Et, aujourd’hui, personne ne peut prédire combien d’entre eux passeront avec succès toutes les étapes permettant leur mise sur le marché », renchérit la SPILF. C’est, explique la SPILF, « la résultante d’un désinvestissement des laboratoires pharmaceutiques dans le domaine de l’infectiologie qui est jugé peu rentable en raison de contraintes réglementaires de développement et de modalités d’évaluation inadaptées à la réalité du besoin ». La société savante rappelle que, dès 2009, la SPILF s’était inquiétée de cette situation et avait publié des propositions, très proches de celles de l’IDSA, pour favoriser le développement de nouveaux antibiotiques et « prévenir un désastre annoncé ». Et, déplore-t-elle, « tout comme celles de l’IDSA, ces propositions sont restées sans effet : les exigences réglementaires n’ont pas été modifiées, et aucune mesure incitative n’a été mise en place. Il n’est peut-être pas trop tard, mais il y a, en la matière, une véritable urgence ».

 Dr L. A.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9239