Un premier cas d’infection par le nouveau coronavirus

Les médecins doivent être attentifs

Publié le 13/05/2013
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Crédit photo : AFP

« CE CAS SURVIENT dans la suite de ce qui a été signalé depuis septembre 2012 », explique le Pr Catherine Leport, du groupe SPILF-COREB (Coordination des urgences infectieuses et du risque épidémique et biologique), qui a participé à l’élaboration des recommandations. « Nous avons insisté sur l’importance de l’information et de la sensibilisation des médecins. Ces dernières restent toujours d’actualité, confortées par l’avis du Haut conseil de la santé publique en mars dernier. »

La procédure peut être consultée sur le site de la SPILF (Société de Pathologie infectieuse de langue française)*.

Pour ce premier cas français, la procédure n’avait été qu’incomplètement diffusée auprès des médecins susceptibles de voir les premiers patients, ce qui est à la fois dommageable mais pas complètement étonnant, étant donné que la description de l’infection provoquée par le NCoV restait très limitée. À ce stade, « on ne voit que les formes les plus graves, les plus typiques », poursuit le Pr Leport.

Le cas français s’est initialement présenté avec des manifestations digestives, ce qui peut sembler atypique a priori. « Si on n’a pas été sensibilisé, si l’on ne pense pas à poser la question : « Avez-vous fait récemment un voyage ? », le déclic ne se fait pas. »

Toux + fièvre = masque.

Le premier contact avec une personne consultant pour une infection respiratoire alors qu’elle revient d’une région touchée doit déclencher l’utilisation de masques de protection. « Nous suggérons : toux + fièvre = masque chirurgical pour le patient suspect jusqu’à plus ample informé », souligne Madame Leport.

Le but des actions actuelles d’information des autorités sanitaires est d’aboutir à une sensibilisation préalable des soignants. « Un rappel a été envoyé aux destinataires de la liste de diffusion de la SPILF, les incitant à être vigilants et à diffuser le plus largement possible des messages de vigilance et de sensibilisation auprès des intervenants : urgentistes, SAMU, SMUR et médecins généralistes ».

Des atteintes rénales non décrites dans le SRAS ont été repérées dans les premières descriptions d’infections dues au NCoV. Il convient donc d’être à « un niveau de vigilance plus élevée », et de procéder à « une recherche active devant un syndrome infectieux respiratoire ou touchant d’autres organes, chez une personne revenant d’une région où elle a pu être exposée au virus (liste des pays actualisée sur liste de l’InVS). »

Au moment où ce cas a été diagnostiqué en France, il y avait un total de 31 cas d’infections respiratoires liées au nouveau coronavirus identifiés, dont 18 sont décédés.

La majorité des cas d’infection par le NCoV ont été identifiés dans la péninsule arabique, et 7 en Europe (4 en Angleterre, 2 en Allemagne, puis enfin 1 en France).

Deux cas rapportés au Royaume-Uni n’avaient pas voyagé dans les pays à risque. Ils avaient été en contact avec un cas confirmé, qui avait voyagé au Pakistan et en Arabie Saoudite.

Une contamination interhumaine est donc possible. L’importance des mesures de protection pour limiter la diffusion du virus, détaillées dans l’avis du HCSP, mérite d’être soulignée à ce stade.

Des cas peu symptomatiques possibles.

Un cas a développé une forme bénigne de la maladie, « ce qui pourrait suggérer que des cas peu symptomatiques ont pu échapper à la surveillance mise en place », indique l’InVS dans un point épidémiologique. Cependant, est-il précisé : « les données recueillies à ce jour ne font pas état d’une transmission interhumaine importante de ce nouveau virus dans la communauté. » La période d’incubation est actuellement estimée à 10 jours.

En effet, selon les données de l’OMS et de l’ECDC qui suivent de près la situation, « sur la base des informations actuellement disponibles, ce nouveau virus ne semble pas se transmettre facilement d’homme à homme, à la différence du virus du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). »

Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, l’infection respiratoire a été prédominante au début. Puis par la suite, il y a eu des diarrhées et le virus a été mis en évidence dans le tube digestif. Mais ceci est intervenu plus tardivement dans l’histoire de l’épidémie.

Les coronavirus forment une vaste famille de virus à ARN, pathogènes chez l’homme et chez l’animal. S’il appartient à la même famille, le NCoV est génétiquement assez différent du virus du SRAS, indique l’OMS, et il n’est pas exclu qu’il produise des manifestations sensiblement différentes, au-delà des syndromes respiratoires aigus. On sait déjà qu’il peut provoquer une insuffisance rénale rapide. L’OMS ne dispose pas encore de suffisamment d’informations sur le mode de transmission du virus et sur ses sources. Mais on sait tout de même qu’il est fragile dans l’air ambiant, et que la mesure simple du lavage des mains garde toute son importance.

* http://www.infectiologie.com/site/_actualite_detail.php?id_actualite=392

Dr BÉATRICE VUAILLE
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9241