EN SE FONDANT sur des données épidémiologiques, des plus récentes jusqu’à celles remontant à la grippe espagnole de 1918, un médecin américain, Pranita Tamma (Philadelphie), rédige un plaidoyer en faveur de la vaccination des femmes enceintes. Son argumentation repose sur deux thèmes majeurs : le vaccin est sans danger, la grossesse sensibilise terriblement aux virus grippaux.
Les données portant sur la sécurité vaccinale ne sont pas vraiment nouvelles, mais méritent d’être rappelées. Le nouveau vaccin A(H1N1) ne peut être qu’aussi sûr que les vaccins saisonniers, annonce-t-elle. Il est fabriqué selon les mêmes procédés rigoureux. L’analyse de la littérature, sur les trois précédentes épidémies et sur 11 études, ne montre pas de complications maternelles ou fœtales avec les préparations non adjuvées. Et même si aucune enquête n’a mis en évidence de relation entre le thimérosal (adjuvant) et un effet secondaire, les femmes enceintes inquiètes pourront avoir recours aux formes non adjuvées. En outre, quatre études montrent le passage transplacentaire d’anticorps post-vaccinaux protecteurs. Entre 2000 et 2003, sur 2 millions de femmes enceintes vaccinées, 26 déclarations d’effets indésirables ont été faites. Fondées sur du déclaratif, elles étaient dans l’ensemble bénignes, sauf trois fausses couches, sans preuve de relation de cause à effet.
Elles font davantage de complications.
Plus méconnues sont les données des diverses épidémies, présentées de la plus récente à la plus ancienne. Au cours des 4 premiers mois de la pandémie actuelle, les femmes enceintes ont été hospitalisées quatre fois que les autres adultes. Elles ne sont pas plus infectées que les autres, elles font davantage de complications. Elles ont représenté 13 % des décès.
En remontant dans le temps, en 1957, au cours de la grippe de Hongkong, près de la moitié des femmes décédées et en âge d’être enceintes portaient un enfant. Enfin, en 1918, dans une étude sur 1 350 femmes enceintes touchées par la grippe espagnole, la moitié a déclaré une pneumonie et, parmi elles, plus de la moitié en est décédée.
L’explication à cette susceptibilité des femmes enceintes s’explique par les modifications profondes dues à la grossesse. Notamment, il existe une diminution de la capacité pulmonaire, une majoration des volumes sanguins cardiaques et de la consommation d’oxygène. Ce qui fragilise la future mère. En outre, il ne faut pas négliger que la tolérance au fœtus s’accompagne d’une suppression spécifique de certaines fonctions immunitaires qui rend la femme plus susceptible aux infections.
American Journal of Obstetrics and Gynecology, 29 octobre 2009.
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