L’ONUSIDA et le Lancet s’inquiètent du rythme actuel des nouvelles infections à VIH

Publié le 26/06/2015

Alors que s’ouvre aujourd’hui à Longchamp (Paris) le festival Solidays avec la visite attendue de Bill Gates, un nouveau rapport intitulé « Vaincre le sida – Promouvoir la santé mondiale », s’inquiète du rythme soutenu des nouvelles infections et invite les pays à accélérer de façon radicale les efforts de riposte contre l’épidémie.

« Nous devons faire face à la dure réalité – si le rythme actuel des nouvelles infections à VIH ne se réduit pas, il ne suffira pas de simplement pérenniser les efforts importants déjà accomplis dans de nombreux pays pour enrayer l’augmentation des décès du sida dans les cinq prochaines années », a déclaré le Pr Peter Piot, directeur de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, co-président de la commission qui a rédigé le rapport.

Cette dernière instance, créée au début 2013 par l’ONUSIDA et la revue « The Lancet », réunit 38 chefs d’État, des responsables politiques des spécialistes du VIH et de la santé, des associations de patients afin d’évaluer la réponse et s’assurer de son application. Selon le rapport, faire en sorte que le sida ne constitue plus une menace de santé publique d’ici à 2030 doit être une des priorités de l’agenda post 2015 des objectifs du millénaire.

Résurgencde de l’épidémie parmi les homosexuels

Les progrès « sans précédent » accomplis ces dernières années pour l’accès aux antirétroviraux n’ont pas suffi à réduire le nombre de nouvelles infections. Entre 2001 et 2013, l’incidence annuelle des infections dues au VIH a diminué de 38 %, passant de 3,4 millions en 2001 à 2,1 millions en 2013. Chez les enfants, la baisse est de 58 % entre 2002 et 2013, avec 240 000 nouvelles infections contre 580.000 en 2002. Toutefois, 1,5 million de personnes sont morts du sida en 2013, 10 millions de personnes avaient besoin de traitement et 19 millions de 35 millions de personnes infectées ne se savaient pas séropositives.

Surtout, des études récentes montrent une résurgence de l’épidémie parmi les homosexuels en Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Asie. En Ouganda, le nombre de nouvelles infections augmente de nouveau après avoir diminué régulièrement pendant une décennie.

S’il est « essentiel d’élargir un accès durable au traitement, constate le Pr Piot, cela ne réglera pas le problème de l’épidémie de sida ». Il faut également, souligne-t-il, « redynamiser les efforts de prévention du VIH, en particulier parmi les populations les plus exposées au risque, tout en éliminant la discrimination légale et sociétale ». Surtout que la croissance démographique élevée dans certains des pays les plus durement touchés contribue à l’augmentation du nombre de personnes vivant avec le VIH qui auront besoin des traitements.

Les 5 années qui viennent seront cruciales

Pour Michel Sidibé, le directeur exécutif d’ONUSIDA, co-organisateur de la commission, les cinq prochaines années seront cruciales. « Nous devons agir maintenant. Les cinq prochaines années offrent une fragile fenêtre d’opportunité pour accélérer la riposte et mettre fin à l’épidémie de sida à l’horizon 2030, a-t-il déclaré. Sans cela, « les conséquences humaines et financières seront catastrophiques ».

Parmi les recommandations formulées, le rapport insiste donc sur la prévention et l’accès au traitement mais également sur le respect des droits humains. Les besoins de financement ont été évalués à 19 milliards de dollars (17 milliards d’euros) par an. Dans les pays africains pauvres, durement frappés, la lutte contre le sida exigera jusqu’à 2,1 % du produit intérieur brut (PIB) par an et au moins un tiers des dépenses de santé.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr