Malgré l’éradication de la polio sauvage en Afrique, l’ONU s’inquiète de la persistance de cas d’origine vaccinale

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Publié le 02/09/2020

Crédit photo : AFP

Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se félicitait, le 25 août, de l’éradication du poliovirus sauvage sur le continent africain, le poliovirus d’origine vaccinale persiste et constitue une menace dans les pays où les campagnes de vaccination sont mises à mal par la pandémie de Covid-19. En Afrique, 16 pays sont concernés par des cas de poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale (1).

Ces poliovirus apparaissent « lorsque la souche affaiblie du poliovirus contenue dans le vaccin antipoliomyélitique oral circule au sein de populations sous-immunisées », rappelle l’OMS. Lorsqu’un enfant est vacciné par voie orale, le virus vaccinal affaibli se réplique dans l’intestin et peut être excrété dans l’environnement. « Avec le temps, le poliovirus d'origine vaccinale revient génétiquement à une forme susceptible d’entraîner une paralysie », poursuit l'Organisation, considérant chaque cas comme une flambée qui « requiert une action immédiate » et la mobilisation de l’« équipe d’intervention rapide » (20 experts en gestion des opérations de vaccination, en épidémiologie, etc.).

La crainte d’une circulation active du virus au Soudan

L’inquiétude porte notamment sur le Soudan où des cas de poliomyélite dus au poliovirus de type 2 dérivé d’un vaccin (PVDVc2) ont été signalés en août. « Au moins 13 personnes ont été affectées par cette maladie (la poliomyélite) dans neuf des 18 États du Soudan », s’inquiète le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dans le pays, dans son bulletin humanitaire du 27 août. Le document évoque « l’éventualité d’une large circulation du virus dans le pays ».

Des cas ont également été rapportés dans des pays frontaliers du Soudan (Éthiopie, République centrafricaine et Tchad), « ce qui accroît les risques (de propagation) au Soudan, notamment au Darfour en raison des mouvements de population », souligne l’OCHA.

Les flambées sont généralement constatées dans les pays où le niveau de vaccination est faible et les conditions sanitaires mauvaises. La stratégie de riposte reste la même que face au poliovirus sauvage : vacciner tous les enfants de moins de cinq ans afin d’arrêter la transmission.

Affectées par la pandémie, les campagnes de vaccination reprennent. L’ONU cherche actuellement à mobiliser 20 millions de dollars pour lancer une campagne de vaccinations ciblant 9 millions d’enfants de moins de 5 ans au Soudan. « Près de 5 millions de dollars sur ce total seront utilisés pour reprendre et combler les lacunes de la vaccination de routine dans tout le pays, gravement compromise avec la pandémie de Covid-19 », précise l’ONU.

« Compte tenu des innovations et de l’expertise développées par le programme de lutte contre la poliomyélite, j’ai la conviction que nous pouvons maintenir les acquis après la certification [de l’éradication de la poliomyélite sauvage en Afrique, N.D.L.R.], et éradiquer le PVDVc2 », a déclaré le Dr Pascal Mkanda, coordonnateur du programme OMS d’éradication de la poliomyélite dans la Région africaine.

(1) L’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigeria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Tchad, le Togo et la Zambie.


Source : lequotidiendumedecin.fr