Depuis quelques années, les études suggérant un lien entre un déséquilibre du microbiote intestinal et le développement de la maladie de Parkinson se multiplient.
« Cela tient notamment au fait que des corps de Lewy identiques à ceux observés dans le système nerveux central sont présents dans le tube digestif de la quasi-totalité des patients parkinsoniens », souligne le Pr Pascal Derkinderen, neurologue (PU-PH) au CHU de Nantes.
Le premier article (1) montrant des modifications du microbiote chez des patients parkinsoniens a été publié en 2015 par une équipe de l'hôpital universitaire d'Helsinki (Finlande). « Depuis, une quinzaine d'études ont été publiées sur le sujet. Certaines montrent une augmentation de la bactérie pro-inflammatoire Akkermansia chez les patients. Toutefois, compte tenu de l'hétérogénéité de leur méthodologie, des techniques d'analyse du microbiote et des cohortes choisies, ces études ne permettent pas de tirer des conclusions claires sur ce point. Par ailleurs, plus de 80 % des patients inclus dans ces études prenaient des traitements antiparkinsoniens susceptibles de modifier leur microbiote », précise le Pr Derkinderen.
D'après les chercheurs de l'hôpital d'Helsinki (2), la prise excessive de certains antibiotiques (tels que les macrolides et les lincosamides) augmenterait le risque de maladie de Parkinson. Par ailleurs, un point de vue récent (3) suggère que la transplantation fécale et les probiotiques pourraient être des pistes thérapeutiques prometteuses.
Mais les preuves scientifiques restent insuffisantes : des études contrôlées seront nécessaires pour montrer une éventuelle efficacité. « Une chose est sûre, la maladie de Parkinson est une maladie systémique qui touche l'axe intestin/cerveau. Les études ont apporté la preuve du rôle modulateur du microbiote dans le développement de la maladie de Parkinson. Mais nous ne savons pas encore quelles bactéries et/ou métabolites cibler pour espérer moduler les symptômes de la maladie. Enfin, nous n'avons pas encore les moyens de sélectionner les patients chez qui le microbiote jouerait un rôle prépondérant dans la genèse ou l'aggravation de la maladie », conclut le Pr Derkinderen.
(1) F. Scheperjans et al., Mov Disord. 2015 Mar;30(3):350-8. doi: 10.1002/mds.26069., 2015
(2) T.H. Mertsalmi et al., Mov Disord. 2019 Nov 18. doi: 10.1002/mds.27924, 2019
(3) T. Van Laar et al., J Parkinsons Dis. 2019;9(s2):S371-S379. doi: 10.3233/JPD-191802., 2019
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