La Haute Autorité de santé (HAS) précise dans un nouvel avis la stratégie vaccinale à mettre en œuvre autour d’un cas confirmé de variole du singe (Monkeypox) pour deux groupes de population : les primovaccinés, c’est-à-dire les personnes qui ont été vaccinées dans leur enfance contre la variole, et les enfants.
La HAS recommande ainsi d’administrer une seule dose du vaccin de troisième génération Imvanex (laboratoire Bavarian Nordic) aux personnes contacts à risque et vaccinées contre la variole avant 1980, sauf pour les personnes immunodéprimées qui requièrent trois nouvelles injections. De plus, la HAS propose que la vaccination des enfants exposés au virus et susceptibles de développer une forme sévère de la maladie « puisse être envisagée au cas par cas, par les seuls spécialistes et après une évaluation stricte des bénéfices et des risques ».
Pour rappel, concernant les adultes non primovaccinés, le schéma préconisé est à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours, et ce idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard.
Une dose booster chez les primovaccinés
La vaccination préventive contre la variole humaine a en effet été obligatoire en France jusqu'aux années 1980 (1979 pour la primovaccination, 1984 pour les rappels). Pour établir, avec ou sans document justifiant de la vaccination, la preuve d'une vaccination antivariolique préalable, la HAS retient « la présence d'une cicatrice gaufrée indélébile, caractéristique chez les personnes qui ont été vaccinées avec un vaccin de première ou deuxième génération ».
Si la réponse immunitaire chez les individus vaccinés contre la variole humaine dans leur enfance semble persister, trois essais cliniques ont mis en lumière que l'administration d'une dose d'Imvanex chez une personne primovaccinée avec un autre type de vaccin antivariolique confère un effet booster, même très à distance. C'est pourquoi la HAS recommande l'administration d'une seule dose du vaccin Imvanex pour les personnes contacts à risque ayant reçu un vaccin de première génération avant 1980.
Dans le cas particulier où les personnes contacts à risque sont des patients immunodéprimés, une vaccination antérieure par un autre vaccin antivariolique ne modifie pas le schéma vaccinal initialement recommandé dans cette population, soit trois doses d'Imvanex.
Du cas par cas pour les mineurs
Le nombre de cas d’infection par le virus Monkeypox ne concerne pour le moment pas d’enfants. Si la vaccination antivariolique a longtemps été mise en œuvre chez les nourrissons et les jeunes enfants avec les vaccins de première et deuxième générations avant l’éradication de la variole, le vaccin Imvanex n’est autorisé que chez les adultes.
D'après les études menées dans des pays africains, les enfants sont plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie et la mortalité est également plus élevée dans cette population. Lors de l’épidémie qui a touché les États-Unis en 2003, parmi les 35 cas confirmés en laboratoire (sur les 71 cas déclarés), 11 étaient des enfants âgés de 6 à 18 ans, dont 2 ont développé une forme sévère de la maladie.
Par ailleurs, bien que le vaccin Imvanex ne soit pour l’heure autorisé que chez les adultes, plusieurs études concernant d’autres vaccins utilisant la même plateforme qu’Imvanex (le Modified Vaccinia Ankara - MVA), à des doses plus élevées que celles préconisées pour Imvanex, ont démontré « une bonne tolérance chez les enfants de plus de quatre mois », est-il rapporté dans l'avis. Aucun effet indésirable n’a été rapporté après les vaccinations – y compris d’enfants et de nourrissons – lors de l’épidémie au Royaume-Uni en 2018 et 2019.
L’avis de l’Agence du médicament (ANSM), sans pouvoir statuer sur le rapport bénéfice/risque concernant les vaccins de troisième génération chez les enfants faute de preuves suffisantes, considère néanmoins que les données de sécurité disponibles (vaccins de première génération et « plateforme MVA ») sont en faveur de l'utilisation d'Imvanex en pédiatrie, au cas par cas, dans le cadre d’une vaccination réactive post-exposition.
La HAS recommande ainsi que la vaccination des personnes de moins de 18 ans les plus fragiles et immunodéprimées ayant eu un contact à risque soit envisagée au cas par cas, « par les seuls spécialistes, dans le cadre d’une décision médicale partagée, et avec le consentement des parents (ou du responsable légal de l’enfant), et de l’adolescent le cas échéant ».
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